Chambre 413, le percutant polar urbain de Joseph Knox
"C’était comme si son cœur, à force de cogner, sortait de sa poitrine. L’odeur était suffocante, à présent. Au milieu de la pièce gisait l’impensable. Une jeune femme noire, aux traits pales. Elle était attachée à une chaise et sa gorge avait été presque à moitié tranchée, répandant son sang, sa vie, à travers toute la pièce. En un éclair, le garçon vit que sa mère avait dit vrai sur la vie après la mort. Il n’y avait pas de paradis, pas de Dieu ni rien de tout ça. Il reconnut l’odeur métallique comme étant celle de la mauvaise haleine de sa mère. Les jets de sang dégageaient les mêmes relents que les trous dans ses dents. Il éteignit la lumière, avec la sensation qu’elle venait de l’avaler tout cru. Tout devint noir. »
Un homme retrouvé mort dans un hôtel vide du centre-ville. Deux policiers qui se détestent mènent l’enquête. Une enquête très compliquée et de plus en plus tordue. Cet ancien palace, mis en vente depuis quelques mois, est utilisée par les prostituées du quartier pour leurs cinq à sept avec la complicité du gardien.
Plutôt pratique pour L’incognito tout près, une boite de nuit spécialisée dans les Sugar Daddies avides de chair fraiche.
Tout un petit monde de la nuit interlope semble avoir un lien avec la mystérieuse chambre 413 de l’hôtel.
Bon autant vous le dire tout de suite l’enquête sera extrêmement emberlificotée, pour les policiers comme pour le lecteur.
Surtout que le jeune inspecteur au passé professionnel déjà lourd doit gérer parallèlement, un coéquipier qui le méprise et un trauma d’enfance des plus glauques qui remonte à la surface.
Après le percutant Sirènes, Joseph Knox livre avec « Chambre 413 » un polar efficace dans l’air du temps : flic borderline luttant contre ses démons, alcools, drogues et souvenirs toxiques.
Du sang, du sexe, de la noirceur, il manque peut-être un fond social ou politique qui empêcherait cette belle mécanique de tourner à vide, dommage.
Mais les amateurs de polars percutants devraient facilement y trouver leur compte.
Joseph Knox, Chambre 413, traduit par Fabienne Gondrand, Le Masque