Sortie E cinema/ I Smile back- les démons intérieurs d'une quadra américaine lambda
Présenté en compétition officielle, au Festival de Deauville en 2015 le long métrage "I smile back" est resté inédit en France avant sa sortie en e-cinema prévue en ce début janvier 2020.
A croire que le sujet de la dépression de l'"americain housewife" lambda n'en finit plus d'alimenter les fictions du cinéma américain indépendant.
Hasard de la distribution : il est d'ailleurs intéressant de comparer I smile back avec un autre film américain qui lui aussi a été présenté au Festival de Deauville mais quatre ans plus tard et va connaitre une sortie en salles le 15 janvier prochain, il s'agit de Swallow ( chronique à venir sur le blog) .
Les deux longs métrages sondent la dépression sous jacente de la mère de famille américaine parfaite en apparence qui trompe son ennui et son mal-être sous une addiction particulièrement dangereuse.
Là où l'héroine de Swallow ingère devant le spectateur médusé des objets non alimentaires ( ampoules, piles, ect), l'addiction de Laney Brooks , héroïne d'I Smile back est plus "classique" mais n'en met pas moins en péril son équilibre familial ainsi que sa santé physique : malgré sa belle situation, confortable matériellement, son mari et ses deux beaux enfants, Laney passe ses journées à sniffer des rails de cocaïne afin de tenter de combler la routine mortuaire et son ennui conjugal avec un assureur aimant mais peu compréhensif des tourments de son épouse.
Forcément, elle va tenter de lutter contre ses démons intérieurs va rentrer dans un cercle vicieux et le spectateur impuissant, verra son état se dégrader et la cellule familale se décomposer peu à peu.
Basé fidèlement sur un roman écrit par Amy Koppelman., également co-scénariste du film avec le réalisateur, ce film du réalisateur Adam Salky ( le premier était aussi inédit en France) est un portrait de femme touchant et parfois éprouvant.
Difficile d'être en empathie avec un tel personnage dont certaines des actions sont souvent déroutantes , pourtant on s'attache à Laney Brooks grâce avant tout à la très belle prestation de Sarah Silverman, jusqu'alors habituée à des personnages plutôt légères (les comédies "Albert à l'ouest"; "Rock Academy" ou l'excellente série Master of sex dans laquelle elle jouait une secrétaire vraiment singulière).
La comédienne, peu connue en France, réalise avec "I smile back "une performance formidablement nuancée sans jamais chercher la mule d'un personnage qui pourrait tomber dans l'excès.
Si on peut regretter que le film reste finalement un peu trop à la surface des choses et que l'abime conjugal ne sera jamais totalement exploité, la mise en scène sobre et racée de Adam Salky est à saluer, même lors de séquences chocs qui ne virent jamais à la complaisance.
Un sujet somme toute assez banal mais traité avec ce qu'il faut de sensibilité et authenticité et un film injustement resté dans les placards à rattraper en e cinema .
I Smile Back réalisé par Adam Salky avec Sarah Silverman, Josh Charles.
Disponible sur e cinéma à partir du 3 janvier 2019