Si tu meurs je te tue : le cri de rage et du coeur de Chloé Verlhac, la veuve de Tignous
"Tu vois, tout ce qu'on a raconté sur le fait qu'ils étaient morts en héros, le crayon à la main et tout ça? Eh bien, c'est beau, parce que Tignous, lui, avait vraiment son feutre à la main! Il ne l'a pas lâché! C'est écrit noir sur blanc dans le rapport. Et ça, tu pourras le raconter. Tignous, lui, est vraiment mort son feutre à la main. Je crois que j'ai voulu écrire ce livre en grande partie pour vous raconter cette histoire. J'étouffais d'être la seule à savoir comment Tignous est mort.Maintenant que je vous l'ai dit, cette histoire ne m'appartient plus, nous la partageons. Et qui sait, maintenant, je pourrai oublier un peu..."
Le dessinateur Tignous fut une des victimes du terrible attentat perpétré contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015.
Depuis cette sinistre date, un certain nombre de ses meilleurs dessins ont été réddités, permettant ainsi au public de découvrir son immense oeuvre.
Ce travail de réédition, on le doit à la pugnacité de sa veuve Chloé Verlhac qui n'a jamais cessé de perpetuer l'oeuvre son époux tel qu'elle l'affirme dans ce livre publié en ce début 2020 intitulé non sans ironie " Si tu meurs je te tue"
Dans la lignée du Lambeau de de Philippe Lancon ou du récit de Riss , Chloe Verlhac livre un récit de survie et a voulu rendre compte de la tuerie du 7 janvier et de ses conséquences, pas du côté des survivants mais du coté des proches de victime.
Cri du coeur et récit à haute valeur cataristhique, le livre de Chloé Verhlac montre le combat de cette femme pour tenter de survivre à l'impossible.
Elle nous raconte en détail sa folle journée du 7 janvier où elle n'a pas pu entrer dans le local de Charlie Hebdo, les luttes administratives et humaines- ses séances de psy, son très difficile travail de deuil, sa volonté de faire vivre le travail de son mari, mais aussi sa folle histoire d'amour avec cet artiste, rencontré un beau jour, à la Fête de l'Humanité en 1996 et avec qui elle aura deux beaux enfants, Sarah Lou et Solal .
L'épouse de Tignous ressent un certain nombre de griefs contre certains qui n'ont pas été à la hauteur (les survivants de Charlie Hebdo, notamment Riss ne sont pas épargnés, de même que l'avocat Richard Malka ou le Président Francois Hollande)
Mais elle sait aussi mettre en valeur les personnalités qui ont été formidables après ce terrible décès, comme Christiane Taubira, qui a livré un superbe discours d'hommage à l'enterrement de Tignous concluant sur ces mots de Paul Eluard " tu rêvais d' être libre et je te continue".
Récit d'une résilience particulièrement difficile, d'un parcours du combattant parfois plein d'absurdités, ce livre touchant et sensible nous permet de ne pas oublier ce grand artiste qu'était Tignous, certes moins connu que Cabu, Wolinski ou autre Charb mais qui avait tout d'un type bien !
Un récit de reconstruction...
Si tu meurs, je te tue, Chloé Verlhac, ecrit en collaboration avec Emmanuel Lemieux, Plon