Isabelle l’après-midi : Comment il est, le dernier Douglas Kennedy?
« Les chaines du mariage sont bien lourdes, il faut parfois être plus de deux pour les porter » Alexandre Dumas fils
« Ma vie sentimentale était en lambeaux, et j’étais devenu l’employé de bureau en costume que je m’étais juré de ne jamais être sans pourtant cesser de gravir avec acharnement les échelons vers mon poste actuel. J’étais hanté par toutes sortes de questions sur les compromis, les déceptions qui avaient fait ma vie. Pourquoi n’avais-je pas passé six mois à travers l’Asie avec un sac à dos ? Ou disparu en Patagonie ? Ou même traverser mon propre pays à pied, comme je m’étais promis de le faire pour mes trente-cinq ans –mais le divorce avait mis un terme à ce projet. En cherchant bien, je trouvais des excuses pour toutes ces occasions manquées. »
Paris rive gauche et seventies. Les librairies du boulevard Saint-Germain, la rue Champollion et ses cinémas, les clubs de Jazz de la rue des Lombards et Samuel, le nez au vent, traversant le pont neuf en se rêvant Ernst Hemingway, Jack Kérouak ou Bill Evans.
En vacances à Paris pour quelques mois avant de faire sa rentrée dans la prestigieuse université d’Harvard, le jeune homme qui a encore du lait derrière les oreilles sait bien qu’il a plus de chance de devenir un yuppie respecté qu’un écrivain tourmenté. Mais Isabelle, une femme mariée de quinze ans son ainée, sexuellement libérée et tellement parisienne, ne risque-t-elle pas de bousculer la belle ordonnance de ce destin tout tracé ?
Amours, regrets et choix impossibles, trahisons, hésitations, dépressions, handicap, cancer et tout cela dans un monde microcosmique où l’être humain est dispensé de toutes contingences matérielles. Un récit d’apprentissage, un roman d’amour et un mélodrame.
Francophile, amoureux de Paris, Douglas Kennedy est aussi un écrivain roué qui ne recule devant aucun cliché romanesque et qui, pourtant, réussit le pari difficile de nous captiver et nous émouvoir.
Samuel son héros tellement humain ne s’apitoie pas sur lui-même mais sur les autres et c’est justement ce qui le rend attachant.
Le roman a le bon goût d’aller vite et direct, l’idée d’une vie racontée à la première personne est au début un peu déroutante et semble facile, mais le procédé tient la distance et à l’avantage de ne pas s’encombrer du superflu....
Un bon roman pour la plage et en plus c’est assez émouvant par moment.. Du John Irving plus léger ou plus simple!
Isabelle, l'après-midi, Douglas Kennedy, Chloé Royer, Belfond; mai 2020