Mississippi Solo: Eddy L. Harris sur les traces de Mark Twain
« Plus jeune, j’ai décidé de descendre le Mississippi, ses quatre mille kilomètres, depuis sa source au lac Itasca dans le Minnesota jusqu’à La Nouvelle-Orléans. Le genre d’exploit qui éprouve la force d’âme et de caractère d’un jeune homme, son courage, la confiance qu’il a en lui-même et celle qu’il a dans son pays. Chez moi, il y avait une raison bien plus profonde. Après sept années d’échec comme écrivain, j’avais besoin de me trouver, de trouver de quel bois j’étais fait, de découvrir si j’avais ce qu’il fallait pour… Finissez la phrase comme vous l’entendez. Je n’imaginais pas une minute que cette aventure allait changer ma vie. Je n’avais pas l’intention d’écrire un livre. Mais un livre est né et avec lui une vie d’écrivain. »
Comme un défi à lui-même, Eddy, grand jeune homme noir de trente ans, ancien élève de la prestigieuse Stanford University va pagayer sur un fleuve totalement mythique.
Car le Mississippi n’est pas un cours d’eau comme les autres, frontière naturelle de plusieurs états du Nord au Sud, il transporte aussi toute l’histoire des États-Unis.
Mondialement connu grâce aux aventures de Tom Sawyer et Huckleberry Finn*, le fleuve est un roman à lui tout seul.
Du début de l’automne à Minneapolis jusqu’à Thanksgiving à La Nouvelle-Orleans, Eddy, canoéiste parfaitement néophyte, tentera de domestiquer cette rivière indomptable.
Rencontres étonnantes, combats contre les éléments, dans son odyssée panthéiste notre « Castor Junior » va découvrir un pays qu’il connaissait mal et un homme qu’il ne connaissait pas, Lui-même.
« Mais soudain, être noir, et grand, prenait un nouveau sens. Etre grand, à cause du long voyage qui m’attendait, assis en tailleur dans un canoë. Etre noir à cause de mes perceptions et de celles dont je serais l’objet. »
Il ne savait pas que c’était impossible alors il l’a fait, que l’on me pardonne de paraphraser Mark Twain pour évoquer « Mississippi Solo » mais l’ombre bienveillante du grand écrivain américain poursuit Eddy L. Harris tout le long de son voyage.
Paru en 1988 aux Etats-Unis, les péripéties fluviales d’Eddy vont vite devenir cultes pour les américains. A la lecture de ce Mississipi Solo on comprend aisément pourquoi.
"Hannibal, Missouri. La ville de Mark Twain. Celle de Huck et de Jim. Comme un pèlerin arrivé à la Mecque, je tombe à genoux. »
Difficile de ne pas parler de Mark Twain pour évoquer « Mississippi Solo » car l’ombre bienveillante du grand écrivain américain poursuit Eddy L. Harrys tout le long de son voyage et de son formidable roman d’aventures contemporaine... pic.twitter.com/Jy5LBSHZVD
— Baz'art (@blog_bazart) September 27, 2020
Formidable roman d’aventure contemporaine, l’écriture fluide et la précieuse description d’une nature sauvage nous emporte, le lecteur vit, respire et transpire avec son « héros ».
En 2014, l’écrivain voyageur a redescendu le fleuve en canoë accompagné d’une équipe de tournage, dans sa petite maison d’un village des Charentes il est en train d’en écrire le roman. Dire qu'on a hâte de le découvrir est un doux euphémisme..
Mississippi solo, Eddy L. Harris, Editions Liana levi. 3 septembre 2020
* signalons, à propos de Mark Twain., on ne peut que vous conseiller cher lecteurs de Baz art la découverte ou redécouverte des Aventures d’Huckleberry Finn un roman trop souvent considéré pour enfant alors que c’est un vrai grand roman puissant sur l’enfance d’un homme et d’un pays...je l’ai relu il y a une trentaine d’année et il me reste encore en mémoire..