Des vies à découvert : Barbara Kingslover dresse un portrait sans concession des USA à 150 ans d'intervalle
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"On croît ou on meurt, c'est la loi de notre économie, Tiggo. Incontournable. C'est comme la loi de Darwin, ce sont les plus forts qui survivent.
- Sauf que ta loi est une invention, et pas les lois naturelles. Ce qui est incontournable, c'est qu'il n'y a plus de place pour la croissance."
Voici un roman qui concorde parfaitement avec le contexte pré élections et fin de l'ère trumpienne que nous avons connu ces derniers jours.
Entre fresque politique et belle densité romanesque, le dernier roman d'une Barbara Kingslover particulièrement inspirée dresse un tableau sans concession d'une Amérique en proie à ses démons et à ses éternelles contradictions.
Construit sur deux fils séparés par 150 ans, l'intrigue se déroule à Vineland, New Jersey, dans la même maison, les deux fois au bord de l’effondrement.
Quel est le lien entre Willa Knox, mère de famille WASP de la classe moyenne, qui subit de plein fouet la crise économique dans une Amérique qui s'apprête à élire Donald Trump et cette Thatcher Greenwood, professeur de sciences qui, en 1871 doit batailler ferme face à une société très conservatrice à part cette maison à la beauté délabrée, vouée à la démolition.?
Mais , à pourtant 150 ans d'éloignement , ces deux femmes et ces deux familles sont -elles si éloignées que cela ?
Des vies à découvert utilise le principe du récit à miroir, un procédé qui est parfois vain mais qui ici montre très rapidement sa grande pertinence.
La romancière fait alterner avec un grand brio un récit contemporain sur cet écroulement du rêve américain, qui a abouti à l'arrivée du milliardaire à la Maison-Blanche il y a quatre ans et un récit situé à la fin du XIXè siècle, avec une femme scientifique proche des théories de Darwin, permettant de bien appréhender la condition des femmes à cette époque où les thèses créationnistes prévalaient largement...Un roman d'une grande force!
"Des vies à découvert" - Barbara Kingsolver - Rivages - 576 pages (traduit de l'anglais/Etats-Unis par Martine Aubert - Titre original : Unsheltered)