Récits d'Objets/ Musée des confluences Fardo - Ananda Devi inspirée par une sépulture russe et une momie colombienne
Par quel miracle une culture vieille de plusieurs siècles et éloignée de milliers de kilomètres peut-elle toucher, entrer en contact avec une autre plus récente ?
Ananda Devi, romancière originaire de l'Ile Maurice (Les jours vivants.chez Gallimard, 2013) est ethnologue de formation.
C'est assez logique qu'elle soit la nouvelle écrivaine à avoir été sollicité dans le cadre de la collection Récits d'Objets du Musée des Confluences
Cette collection dont on a récemment parlé à l'occasion de la participation de Simonetta Greggio consiste à solliciter un ou une écrivaine pour lui proposer de choisir un objet de son choix dans les collections du musée pour qu’il s’en inspire et en tire un texte sous la forme de son choix (conte, récit, court roman, etc.)."Femme de Koban ou d'Yschma, le monde vous attend. Il vous désire."
Ananda Devi a de son côté été inspiré par la tombe féminine de Koban (Russie) et la momie de femme Ychsma (Amérique du Sud ) présentées dans Éternités, visions l’au-delà.
La romancière du sari vert s'est immédiatemment sentie attirée par ces deux femmes dont elle s’efforce de tisser l’existence fragile en un étonnant jeu de miroir avec sa propre trajectoire de femme et d’artiste.
La tombe numéro 9 précisemment est le témoin de la culture de Koban et de ses rites funéraires du Grand Caucase. Les tombes Ychsma , de la période pré colombienne sont quant à elle directement creusées dans le sol. Le corps recroquevillé est enveloppé dans un fardo, épais ballot de tissu, de bourre de coton et de végétaux, parfois maintenus par une structure de roseaux.
Ananda Devi livre un texte touchant sur les impasses de l’écriture et la condition féminine qui arrivent à se rejoindre à travers les âges .
L'autrice voit ainsi la poésie comme l'art , mais aussi la transmission et la contemplantation du monde comme des réponses évidentes à chaque époque aux grands questionnements de ce monde.
« Une tisseuse ! Une tisseuse aux longs cheveux noirs, dont je ne sais rien mais dont j’imagine tout, et surtout sa proximité avec moi. »
Découvrez les collections du musée des Confluences de Lyon sous le regard d’un écrivain.