Trois polars pour bien commencer 2021 !!
En ce premier janvier qui est aussi un jour de vendredi lecture, on vous conseille trois polars pour bien démarrer ce début d'année, deux thrillers psychologiques et un western australien bien noir et bien sombre :
1 /Les premières impressions,Jean Hanff Korelitz ( J'ai Lu)
« Je pensais que mon livre pourrait aider les gens. Je pensais que j’avais quelque chose à leur dire sur la façon dont les femmes choisissent leur compagnon. Á l’évidence, c’est faux. Je suis une conseillère conjugale dont le mari a une maitresse. Qui a peut-être tué sa maitresse. »
Grace Reinhart Sachs est vraiment une femme bien. Psychologue spécialisée dans la thérapie de couple, un mari adoré, pédiatre oncologue très impliqué et un fils de dix ans qui fréquente l’école privée la plus huppée, donc la plus chère de Manhattan, Grace vit la vie qu’elle avait rêvée adolescente.
Le meurtre sanglant d’une mère de famille appartenant à ce petit monde privilégié va secouer tout New-York et la police qui vient frapper à sa porte lui demander si elle sait où se trouve son mari n’est pas pour la rassurer.
Ironie du sort, le livre que Grace vient d’écrire et qui est sur le point de sortir a pour titre prémonitoire : « Vous auriez dû le savoir » mais ça Grace ne pouvait pas le savoir.
Attention roman redoutablement efficace dans sa mécanique d’écriture, Jean Hanff Korelitz se pose sur les épaules de son héroïne et l’observe.
Grace, à la vie trop parfaite et aux certitudes trop affirmées, va en prendre plein la tête, et le lecteur aussi, car jamais nous ne serons en avance sur elle dans cette épopée intime.
La romancière, fine psychologue empathique, va déconstruire une vie bâtie sur le mensonge et lui donner peut-être une nouvelle chance.
Efficace donc et terriblement addictif, « Les premières impressions » n’est pas vraiment un thriller mais plutôt un voyage intérieur dans la psyché d’une femme de son temps et de son milieu.
Car c’est en entomologiste que Jean Hanff Korlitz pose un regard sévère et amusé sur les comportements d’une ethnie coupée du monde réel qui gagne et dépense énormément d’argent dans la presqu’ile de Manhattan.
Psychologique, anthropologique et moraliste encore un bon roman américain.
2/ La fille du quai, Alafair Burke ( Presse de la cité)
"Dans le cadre d'une autre affaire, j'aurais pu mettre à mal le raisonnement de Temple. J'aurais envoyé Einer chez Lord & Taylor pour acheter huit chemises qui auraient paru identiques sur une vidéo de surveillance granuleuse. J'aurais meme appelé le fabriquant pour lui demander combien de ses chemises étaient sorties de l'usine. Mais tout cela était inutile puisque Jack avait admis être présent sur les lieux.
Jack Harris, célèbre romancier new yorkais, est accusé d'avoir commis trois meurtres sur le quai de l'Hudson Il décide pour assurer sa défense, de faire appel à Olivia avocate spécialiste en droit pénal à New-York. ex-fiancée de Jack il y a une vingtaine d'années de cela.
Pour Olivia, il n'est pas possible que Jack ait assassiné trois personnes à l'arme à feu. Pourtant au fur et à mesure de son enquête, les charges s'accumulent contre Jack mais au fond, le connaît-elle si bien ?
Ce thriller psychologique, très rythmé, est particulièrement accrocheur dès les premières pages confirme tout le talent de AlafairBurke, un an après un couple irréprochable
Il faut savoir que Alafair Burke est la fille du grand romancier James Lee Burke, et surtout qu'elle est la procureure adjointe spécialisée dans les affaires de violences conjugales.
On sent donc une maîtrise totale des procédures légales et apporte la crédibilité judiciaire qui manquent parfois à ce genre de thriller domestique.
Cet aspect très documenté transcende l'impression de départ de "déja-vu".
Un thriller très efficace sur les évidences et les propres parts d'ombres que l'on conserve au fond de soi !
3/Le diable dans la peau, Paul Howarth ( Folio)
" Ils les massacrèrent. À part quelques femmes qu’ils gardèrent pour les revendre, ils les massacrèrent tous.”
Australie, fin du XIXe siècle, quelques décennies après le début de la colonisation. Deux jeunes frères blancs dont la famille est brutalement assassinée voient leur destin s'écrouler .
Dans le contexte de la ségrégation raciale, les coupables sont tout trouvés : les Aborigènes. Une cruelle chasse à l'homme débute alors, mais quelle en sera l'issue?
Dans cet excellent western australien situé dans le bush australien, un lieu aussi, grandiose que peu hostile Paul Howarth nous propose un récit avec des thèmes comme la haine envers les tribues autochtones, le racisme extrême, les brigades de police aborigènes perpétuant des massacres.
Les multiples motivations de l'ethnocide y sont bien démontrées dans ce polar d'aventure cruel et tendu qui nous montre comment les indigènes ont du mal à trouver leur place dans la société australienne, issue de la colonisation britannique
" Il se pencha et détacha le cadavre de la chaîne qu’il avait au cou, puis contraignit les hommes restants à se remettre en file. Ils se levèrent, se protégeant de leurs mains, terrifiés. Il tira un bon coup sur la chaîne et remonta en selle, mais le groupe ne se remit pas en marche. Les deux hommes en tête de file parlaient. Le plus grand tendit un bras et désigna la cachette de Tommy et Billy. D’autres têtes se tournèrent vers eux. Puis tous les chevaux, sauf le dernier, s’élancèrent au galop dans la plaine, et Tommy poussa un petit gémissement comme un chien qui vient de se faire rosser."