Baz'art  : Des films, des livres...
18 janvier 2021

Tout peut s’oublier; le dernier Olivier Adam, roman déchirant dans la psyché d'un père loin de son fils

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'Après tout la vie était comme ça. Les grandes joies se mêlaient aux chagrins les plus profonds. Les espoirs les plus fous à l'incertitude la plus absolue. On n'y pouvait rien. C'était le grand manège. Un foutu bordel. du grand n'importe quoi."

Nathan, exploitant de salles de cinéma un peu désabusé et qui semble extérieur au monde qui l'entoure,  vit  en Bretagne ( dans une ville qui ressemble autant  ) Dinard qu'à Saint Malo), récemment séparé de son épouse, japonaise, Jun,  avec qui il a  eu un enfant, il ya 5 ans  Léo.

Un beau jour, il se rend compte que Jun a quitté la France pour partir avec leur fils au Japon vivre la bas et avait préparé son coup  sans rien dire à Nathan.

Ce dernier, d'abord totalement désemparé, va vite se rendre compte qu'il  se retrouve dans une bien facheuse posture .

En effet, il apprend vite qu'en cas de divorce, le droit japonais donne la garde de l'enfant exclusivement au parent nippon, ici la mère. tandis que l'autre parent est vu comme un étranger qui n'a aucun droit de visite sur sa progéniture.. 

On connait l'amour d'Olivier Adam pour le Japon, lui  qui a passé plusieurs  mois  de sa vie la bas dans le cadre d'une résidence d'écriture,

On se souvient que l'auteur des Lisières  avait dit un jour que ce  pays était pour lui source d'émerveillement et de foisonnement d'histoires de toutes sortes. comme ce "Tout peut s' oublier" en est une belle preuve.

Cela faisait dix ans et "le coeur régulier"qu'Olivier Adam n'avait pas ancré ses histoires dans le pays du soleil levant et cette histoire d'enfant qu'on retire d'un coup à son père, fortement inspiré de plusieurs histoires réelles.

Sauf que là, même si l'amour pour les paysages japonais et même pour les gens semblent intacts dans le regard de son auteur- ou plutôt de son personnage, qui , comme souvent dans ses romans, est un double littéraire assez proche de lui-, les institutions et la société japonaise.

Celle ci en prend d'ailleurs un méchant coup au passage avec la réalité d'une pourtant grande démocratie qui ne reconnait pas l'existence de l'autorité parentale telle qu'on la connait chez nous  et qui semble bafouer les réglements internationaux les plus élémentaires sur le droit des enfants..

L'intrigue pourrait faire penser à une version de Jamais sans ma fille japonaise et avec un homme dans le role de Betty Mahmoudi , mais ca serait évidemment faire fi de la qualité de plume d'un romancier parfois inégal mais qui retrouve ici le tout meilleur.

« Comme si pour toi la vraie vie se passait dans les films. Et que le réel n’était qu’une fiction que tu regardais de loin, à distance. »

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En s'attachant aux traces, et en plongeant dans la psyché d'un père à la dérive, homme  pudique et un peu trop extérieur au monde qui préfère les films- japonais souvent -à la vie, Olivier Adam rend palpable et déchirant cette quête paternelle pour retrouver son enfant dont il est séparé à des milliers de kilomètres de lui.

Construit de façon non linéaire avec allers retours permanents entre passé et présent, procédé qu'Adam maitrise à la perfection, et surfant avec grande maitrise sur la crète du polar anxiogène, notamment dans ses dernières pages, Tout peut s'oublier- extraite de la phrase d'un Jacques Brel dont le personnage de femme, Jun, particulièrement francophile, est fan-,  est un roman formidable.

En effet, ce roman qui est à la fois d'une grande virtuosité littéraire et d'une belle (mais fausse) simplicité, émeut profondément.

Comme souvent, la vision du monde d'Adam est très sombre, mais il sait parsemener son récit de quelques notes d'humour salvatrices, notamment sur le cinéma ( on n'a pas l'impression que notre Olivier Adam préféré aime beaucoup le cinéma de Nicolas Bedos).

Et son auteur, avec qui on a eu la chance d'échanger en fin de semaine dernier lors d'un entretien passionnant qu'on espère vous retranscrire rapidement, signe sans doute à la fois un de ses romans les plus bouleversants et les plus prenants de sa bibliographie et de ce début d'année 2021.

Et comme il est aussi beaucoup question de chansons française dans ce livre , on clôture cette chronique avec le morceau qui donne le titre à ce roman, et on comprend à la fin du livre la portée du titre en question. 

★★★★
Tout peut s’oublier

Olivier Adam, Flammarion, Paris, 2021, 264 pages; janvier 2021 

Commentaires
M
Oui, une belle réussite ce roman!😉
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