Baz'art  : Des films, des livres...
20 janvier 2021

Le serment : Thomas Lilti met des mots sur ses maux de médecin/cinéaste

 

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 "Pourquoi on n'impose pas aux médecins d'aller travailler à tel ou tel endroit? Même si leurs études durent dix ans, ce sont des études publiques.Je vois bien à quel point cette mesure serait extrêmement impopulaire, mais ça me parait tellement aberrant que les médecins n'aient pas obligation en la matière. On me le reproche souvent : c'est facile de dire ça, alors que je suis parti faire du cinéma. C'est vrai que c'est facile. Mais c'est aussi une culpabilité que je porte et qui n'est certainement pas étrangère au fait que j'essaie de parler de médecine dans mes films ."

Depuis maintenant près de quinze ans,  le réalisateur et médecin  Thomas Lilti n'en finit plus d'aborder dans tous les sens ce milieu médical qu'il connait si bien dans toutes les oeuvres qu'il réalise, de Hippocrate  le long métrage à "Hippocrate" la série ( une saison 2 est dans les tuyaux pour une diffusion sur canal plus dans les prochains mois) .

Thomas Lilti a la particularité d’être à la fois  médecin / metteur-en-scène, et surtout de réaliser des films qui abordent de manière frontale la thématique de la médecine sous tous les angles et avec un succès public toujours constant.

Seul metteur en scène médecin en activité à ce jour, Thomas Lilti semble toujours porter en lui cette culpabilité d'avoir abandonné ce milieu professionnel qu'il avait choisi un peu malgré lui (son père est médecin) pour la voie du 7e art, plus précaire. 

 "Faire des films, c'est une façon comme une autre  de me racheter envers les patients que je ne soigne pas «. nous avait t- il confié en 2014 lors d'un échange avec la presse lyonnaise en 2014 pour son film Médecin de campagne .

C'est en partie mu par cette culpabilité qu'il a choisi de remettre la blouse en mars dernier, dans les premiers jours du premier confinement, lorsque les services de réanimation prenaient l'eau de toute part et que les appels pour les soignants volontaires et bénévoles se multipliaient.

Et par un joli hasard, c'est dans l'hopital même où il filmait encore quelques jours plus tôt..

Ce retour atypique à la pratique médicale après 15 ans d'inactivité,  qui n'aura pas duré tres longtemps à cause d'un problème administratif dévoilé dans son livre, Thomas Lilti la raconte joliment,  avec ses mots à lui dans le Serment, son premier livre.

Un livre dans lequel il  livre un retour d'expérience sincère et modeste- il reconnait très vite ses limites en matière de connaissance et de pratique et le peu d'enthousiasme du personnel médecin à l'accueillir- accompagné de réflexions sur la médecine, son évolution depuis ces quinze années, et le lien qu'il peut tirer entre son parcours de cinéaste et sa formation de médecin.  

"à 25 ans, quand on se dirige vers une carrière de médecin généraliste, c'est quand même un aveu  de faiblesse totale de se dire qu'un  enfant de 8 ans a décelé chez moi tout ce qui faisait le contraire d'un médecin. C'est à dire le manque d'assurance, le doute, la possibilité de me faire plier "

Lui qui n'a eu de cesse dans ces fictions d'ausculter avec acuité , mais aussi reconnaissons le , un coté parfois un peu trop démonstratif , le milieu hospitalier et ses dysfonctionnements, le fait ici avec un recul et une humilité qui emporte largement l'adhésion.

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On sent à travers cette confession courte et passionnante que Lilti, qui s'est toujours posé la question de sa propre légitimité, celle de médecin puis celle de cinéaste, profite de ce passage à l'écrit pour remettre en question pas mal de choses établies.

Il n'aura de cesse de chercher ce qui fondamentalement fait de lui un cinéaste à part, car un metteur en scene  qui n'aura jamais réussi à couper totalement le cordon avec le monde hospitalier et qui semble toujours lui être redevable de quelque chose.

On comprend aussi à quel point alors qu'il a toujours douté de lui, il aurait eu du mal à se mettre dans la peau de ces médecins dont la confiance en eux confine parfois à de l'arrogance et de la condescendance et que le cinéma se mariait mieux à son art de la remise en question, tout en admettant diriger ses acteurs parfois comme un médecin (un reproche adressé par Géraldine Naccache sur le tournage d'Hippocrate) .

Une chose est sure: en quittant la médecine , Thomas Lilti n'aura certes pas soigné des corps comme il étiat amené à le faire, mais il aura réparé des âmes grâce à ses films et maintenant ses livres.

Le serment, Thomas Lilti, Grasset, en librairie ce 20 janvier 2019

 

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