Live report: Bertrand Belin et les Percussions de Lyon : la grande classe, évidemment !
Visuel de la tournée / "Bertrand Belin & les Percussions Claviers de Lyon" © Rémy Poncet
Et quoi de plus emblématique que d'en remettre un en ligne (ce genre de billet marche pas mal en général on avoue), le jour même de la fête de la musique?
Cela tombe bien: on a très récemment vu l'illustre Bertrand Belin sur scène et, cerise sur le gâteau, il était accompagné d'un collectif lyonnais assez incroyable.. on en parle de suite :
On s'en souvient avec pas mal d'émotion : en 2018, l'immense chanteur Bertrand Belin et la soprano Claron McFadden donnaient chair et âme à deux figures mythiques du grand Ouest, Calamity Jane et Billy The Kid dans la très belle pièce Calamity Billy, un opéra de Gavin Bryars, crée par Jean Lacornerie et Gérald Lacointe.
Les Percussions Claviers de Lyon assuraient alors la partie musicale du spectacle, conférant à cette ballade de l'Ouest américaine une tonalité parfois africaine ou sud américaine offrant un contraste saississant à l'ensemble.
C'est à cette occasion que l'amitié s'est créé entre les membres des Percussions Claviers de Lyon et Bertrand Belin et que le projet d'un spectacle commun autour du repertoire de ce dernier a germé dans l'esprit des principaux interessés.
De fait, la tournée de Bertrand Belin et des Percussions Claviers de lyon, même amoindrie et raccourcie, Covid oblige, ne pouvait pas oublier de faire un passage sur Lyon, ce qui était le cas ce samedi 19 juin 2021, dans un Théâtre de la Croix Rousse entièrement masqué et rempli au maximum des jauges sanitaires.
Le projet de ce spectacle, ô combien singulier, comme tout ce qu'entreprend Belin du reste, était de revisiter le répertoire de l'artiste habillé d'un nouvel écrin.
Cet écrin, ce sont les sonorités de xylophones,vibraphones et autres marimbas joué par l'ensembledes Percussions Claviers de Lyon.
Les Percussions Claviers de Lyon, ce sont cinq percussionnistes rassemblés autour de Gilles Demoulin qui font chanter ensemble leurs xylophones, vibraphones et marimbas pour façonner un son qui nous emporte forcément ailleurs.
Il y aait donc 7 artistes sur scène car impossible de passer sous silence la présence du corse Thibault Frisoni, fidèle complice de Belin, aux synthés et aux choeurs, histoire de faire le lien entre les instruments des Percussions Claviers de Lyon et la guitare et surtout la voix à nulle autre pareille de Bertrand Belin.
Un Bertrand Belin qu'on avait eu l'occasion de rencontrer quelques heures avant pour une interview à venir et qui a donc donné un concert renversant d'élégance au Théâtre de la Croix Rousse avec les Percussions Claviers de Lyon.
Et comme Bertrand Belin est un auteur compositeur à voir absolument sur scène, tant ses titres gagnent en intensité, la symbiose ne pouvait qu'être réussie.
L'ensemble des morceaux proposés au cours de ce récital est de toute beauté, et l'assemblage avec les Percussions Claviers de Lyon fonctionne à merveille.
Il faut dire que la palette harmonique des percussions et notamment le son chaud, et très ample du marimba* colore ici et là , soit de modernité, soit d'intemporalité les compositions classieuses et intemporelles de Belin.
Le jeu de guitare très élaboré de celui ci, à la croisée du rock n’roll et du jazz, mêlant arpèges et parties très rythmiques aboutit à une symbiose évidente entre les chansons et l'instrumentation; générant des climats sombres ou lumineux, selon les tonalités différentes des titres proposés.
"En rang (Euclide)" ouvre la soirée, le seul titre en prose de son repertoire, histoire de bien poser l'ambiance du spectacle (NDRL : un terme que Bertrand Belin récuse lors de l'interview qu'il nous aura donné, mais qu'on maintient après l'avoir vu sur scène).
D'ailleurs, de la setlist, on notera la part belle consacrée à ce dernier album Persona, si apprécié de la critique et du public : des quatorze titres joués, huit font partie de cet album.
Cependant on notera l'absence des deux premiers titres de l'album, "Bec" et "Glissé Redressé", qui ne s'intégraient pas forcémentà l'esprit global projet.
A l'écoute de la diction si particulière de Belin on pense parfois à Yves Montand, souvent à Bashung (il reprendra même son "C'est comment qu'on freine" en rappel, histoire d'enfoncer le clou de la filiation) mais parfois aussi à Nick Cave ou encore Bill Callahan, les plus anglo saxons des folkeurs crooners.
Les belles revisites de "Choses Nouvelles" ou de "Sur Le Cul", furent assurément des sommets du concert, de même que le magnifique "Ne sois plus mon frère", qui atteigna un degrès d'émotion rare et incontestable.
Quant au très beau "De Corps et d'Esprit", puissante allégorie sur les migrants, on retiendra son final incroyable, et son beau duel xylophone-vibraphone.
On appréciera aussi à sa juste valeur ces instants entre les morceaux où Belin fait montre d'un humour assez insolite, fait de digressions qui contraste joliment avec la gravité de la plupart de ses titres.
Le concert est classieux, percutant, bref totalement à l'image de son artiste vedette qui devrait faire parler prochainement de lui, dans l'actualité musicale et même cinématographique (le nouveau film des Frères Larrieu pour ne pas les citer) de la rentrée.
En bref, ce concert fût un moment assez grandiose qui virent les applaudissements d'un public, ravi de retrouver du live et a fortiori de cette qualité, fuser de partout.
NB: ce spectacle a donné lieu à la parution le 7 mai 2021 d'un live nommé "Concert at Saint-Quentin" qu'on peut retrouver en vinyle et en téléchargement .
Retrouvez toutes les dates de la tournée de Bertrand Belin sur son site
Retrouvez tout le programme de la saison à venir du Théâtre de la Croix rousse ici même
Retrouvez le concert filmé au Théâtre de Saint Quentin sur la chaine de France TV/Culturebox .
*Ce xylophone africain, très répandu dans certains pays d'Amérique Latine, est composé de lames de bois plus ou moins larges, des résonateurs qui constituent le clavier sur lequel le musicien frappe avec ses baguettes et dispose d'une grande richesse harmonique.