Soirée Woody Allen sur Ciné + : on a vu les 4 grands crus "alleniens"!
« Deux images me collent à la peau : je suis un intellectuel parce que je porte des lunettes et je suis un artiste parce que mes films perdent de l’argent ».
Woody Allen
1/Blue Jasmine
"Blue Jasmine" est avant tout un prodigieux portrait de femme, campé par une actrice non moins prodigieuse, l'immense Cate Blanchet qu'on est ravi de retrouver avec un tel rôle à défendre au cinéma.
Pour incarner ce personnage qu'Allen lui a écrit avec un brio fantastique, Cate Blanchet (quelle façon incroyable de modifier son visage rendu distordu par la souffrance) va au delà de la simple composition.
On dirait vraiment qu'elle est, dans tous les pores de sa peau, cette femme névrosée et au narcissisme fragile, cette femme prisonnière de son monde doré et en même temps contrainte de se confronter au monde réel, à ses cruautés, à ses déchéances, à ses mensonges.
Car Jasmine va vivre une descente aux enfers brutale, puisqu' après avoir fait son nid dans les cercles les plus huppés de New-York, Jasmine se retrouve du jour au lendemain démunie, dépouillée de tout et obligée de trouver refuge à San Francisco chez sa soeur, de catégorie sociale complètement différente d'elle
Et plus Jasmine s'enfonce, plus on aimerait qu'elle remonte à la surface, tout en n'y croyant hélas de moins en moins au fil des situations humiliantes qu'elle subit, et des couleuvres qu'elle avale...
Plus noire que bleue, cette Jasmine peinte par Woody est en tout cas un excellent cru allenien!!
2/L'homme irrationnel
Evidemment, Woody ressasse les mêmes thématiques et cette variation autour de crime et châtiment a déjà été abordée dans plusieurs de ces films – de Crime et Délits à Match Point, mais il parvient à en faire une synthèse de ces œuvres plutôt singulière avec une nouvelle approche dont la maitrise et la conduite ne peut que forcer l’admiration.
Woody Allen visiblement particulièrement inspirée par sa nouvelle muse Emma Stone pétillante et pétulante sonde de façon bien plus profonde et intelligent qu'il ne le laissait paraître les principes moraux qui déterminent un homme, a priori un homme qui ne trouve plus aucun sens et aucun goût à la vie.
Joaquin Phoenix, assurément un des meilleurs acteurs américains du moment, est épatant et vraiment charismatique-malgré la bedaine et les T shirts sales- dans ce rôle de cet Abe Lucas, professeur dépressif qui recouvre goût à la vie d'une manière peu consensuelle et conformiste.
Chez Woody Allen comme toujours les héros n’existent pas, son univers n’est composé que de personnes qui semblent plus ou moins dupes d’eux-mêmes et de leur vanité et confrontés à leurs désirs et leurs doutes existentiels.
Car une nouvelle fois, Allen, qui ne fait jamais des films de 2 heures comme une grande majorité de ses collègues possède la belle 'élégance de boucler son histoire plein de rebondissements, d'image particulièrement soignée (la photo est signée Darius Khondji, le chef opérateur de James Gray), et de dialogues existentiels vraiment brillants en moins d'une heure quarante pour une œuvre que l’on suit avec une jubilation et un plaisir constants.
3/Café society
Cafe Society nous plonge dans l'effervescence de la "Café Society", club sélect d'artistes et de mécènes qui a marqué cette époque des années 30.
Mais Woody ne s'interesse pas follement au Hollywood des années 30, le film n'est pas vraiment une charge cinglante et nostalgique sur le temple du cinéma.
Ce qui passionne plutot Woody dans pas mal de ses films mais surtout avec Café Society, ce sont les soubresauts amoureux. qui sont décrits ici avec emphase, humour et volupté.
Café society nous décrit une formidable histoire d'amour contrariée, une sorte de marivaudage à la fois léger et profond sur plusieurs époques d'un couple- auquel l'épatant Jesse Eisenberg et Kristen Stewart, moins torturée que d'habitue- qui ne fera pas forcément les bons choix, faisant passer ceux de la raison avant ceux du coeur.
Par ailleurs, le film flatte l'oeil grâce à sa beauté visuelle et surtout un magnifique travail sur la lumière : le vétéran Vittorio Storaro -75 ans presque autant que Woody- propose un travail sublime, axé sur les teintes dorées et légèrement sépia qui donnent une vrai cachet et une belle modernité à ce film intemporel et vraiment jouissif de bout en bout.
4/Ombres et Brouillards
Le 23 juin sur Ciné +
Retrouvez l'ensemble des films de la soirée canal plus sur le portail des chaines ciné plus