Nos 5 coups de coeur a voir en juin sur ciné +
Nous avons réuni dans cette sélection les nouveautés du portail Ciné + qui nous ont particulièrement touchés dans la sélection du mois de juin .
1/ Le Caire confidentiel; Tarik Saleh
Tourné à Casablanca, avec des acteurs d'origine maghrébine ou proche orientale, interprété en arabe, cette production dano-suédoise se déroule au Caire quelques jours avant la révolution égyptienne.
L'intrigue- dont le titre comme l'intrigue sont d'évidentes références à L.A Confidential et à l'univers très James Elloryien - nous plonge avec délice dans un pays entièrement gangrené par la corruption à partir d’une simple enquête policière .
Tandis que la corruption est depuis plus de cinquante ans un moteur incontestable de tous les grands crus du film noir, entrainant souvent son lot de fantasmes très cinématographiques mais peu solubles dans la réalité, l'intrigue semble ici refleter assez fidèlement une certaine vérité politique et policière de l'Egypte en nous offrant un aperçu peu reluisant de la société égyptienne au moment de la fin du règne de Moubarak.,que le réalisateur connait visiblement bien.
Certes, le contexte géographique est profondément original et dépaysant, et la plongée dans cette société inégalitaire et franchement pervertie par l'argent est saississante, une société dans laquelle l’Etat qui, en toute impunité, intervient dans la sphère privée.
Ce décor si singulier est la toile de fond d'un vrai polar qui ne peut que séduire les fans du genre, avec enquête, rebondissements constants, jusqu' à la scène finale poignante qui voit petite et grande histoire se rejoindre de façon cruelle et tragique.
Avec ce film tendance néo-noir à la critique sociale acérée, Tarik Saleh parvient à imbriquer différentes strates de narration et de codes (commissaire ripou, femme fatale, proxénète, magnat de l'immobilier...) de facture a priori ( mais a priori seulement) classiques, dans une intrigue solide menée par l'acteur Fares Fares, qui joue le rôle principal.
Ce comédien, vu dans les trois volets de la série Département V. impose sa présence charismatique à l'écran et surtout une gueule incroyable en homme au passé tragique qui s’enfonce dans une noirceur quotidienne, désabusée, mais dont la conscience finit quand même par allumer le voyant rouge, même s’il est sans doute déjà trop tard.
2/Scandale; Jay Roach
Ambitieuses, blondes, yeux clairs et jambes interminables, bienvenue sur Fox News et dans son univers impitoyable. Fox News la chaîne du câble qui bat tous les records d' audience, la voix de la droite dure, blanche et chrétienne.

3/ I see you; Devon Graye
Justin Whitter, 10 ans, disparaît alors qu’il faisait du vélo dans un parc. L’inspecteur de police Greg Harper en charge de l’affaire découvre de nombreuses similitudes avec de précédents cas d’enlèvements d’enfants dans la région.
Au même moment, son épouse Jackie et leur fils Connor font face à des phénomènes étranges et inhabituels dans leur maison : vaisselle qui disparaît, télévision qui s’allume toute seule…
Rien qui ne les inquiète vraiment, et pourtant, ils ne devraient pas s'inquiéter un peu plus quand même?
Voici un résumé qui laisse à voir une série B a priori un peu banale , "I see you" s'avère être un film plus malin et réussi qu'il en a l'air.
Réalisé par le britannique Adam Randall (iBoy sur Netflix)," I see you" a fait sensation lors de ses projections en festivals à travers le monde. - lauréat du Prix Ciné+ Frisson lors du PIFFF 2019- mais il est resté inédit dans nos salles alors que les spectateurs déconfinés en aurait certainement bien pris une bonne rasée de frissons intelligents.
L'intrigue entraîne ses spectateurs dans une histoire truffée de rebondissements, qui mélange habilement les genres entre enquête policière à priori classique, thriller légèrement fantastique à base de surnaturel et home invasion.
Le film bénéficie d'un scénario intelligent et bien accrocheur (le tout premier de son auteur, Devon Graye, un acteur qui a incarné le jeune Dexter dans la série éponyme) qui brouille intelligemment les pistes, avec une seconde partie qui change totalement la donne de ce que l'on avait vu pendant les 45 premières minutes du film.
Devon Graye choisit de tout mettre à l’envers pendant la deuxième partie du film, examinant les événements qui apparaissaient de plus en plus étranges ( les personnages voyaient des objets disparaître dans leur maison, des appareils s'allumer sans raison, se retrouvaient enfermés dans les placards) d’un point de vue totalement différent,apportant une vraie jubilation au spectateur.
Quant à l’acte final, il remplit également son contrat, puisqu'il fournit des complications supplémentaires et rassemble les pièces d'un puzzle bien éparpillé, malgré quelques incohérences scénaristiques un peu inhérentes au genre .
Ce scénario malin est porté par une mise en scène soignée et assez sophistiquée qui exploite bien l'aspect mystérieux de son récit.
Bref, de quoi largement tenir le spectateur en haleine pendant 98 minutes, c'est vraiment tout ce qui nous importe pour un film de genre .
Un public qui sera ravi de revoir Helen Hunt, actrice importante des années 90 (Twister, Pour le pire et pour le meilleur) pour le moins méconnaissable physiquement et assez glaciale le rôle de la mère de famille.
Adam Randall est actuellement en post production de son nouveau long-métrage, Night Teeth avec Alexander Ludwig (Vikings), on surveillera avec un vrai intérêt ses prochaines oeuvres.
4/Just Kids; Christophe Blanc
Le réalisateur Christophe Blanc qu'on avait admiré avec son premier long métrage une femme d'extérieur en 2000, certes un peu moins avec son second Blanc comme neige nous avait alors expliqué au cours d'un long et captivant échange que son troisième long, Just Kids, y était de loin son plus personnel.
En effet, à l'instar de Jack et Mathias les protagonistes de son film, le cinéaste français a eu le malheur de devenir orphelin prématurement.
Avant de mourir précocement, son père comme celui de son film, était un petit escroc qui naviguait en eaux troubles.
Christophe Blanc nous a confié lors d'un entretien avoir du patienter d'avoir la cinquantaine pour oser raconter cette histoire intime et profondément remuante.
Assumer le décès de ses parents à quelques années d'intervalle , et devoir prendre en charge son jeune frère alors qu’on est soi-même à peine sorti de l’adolescence, voilà tout le défi de ce beau récit d'apprentissage qui aborde des thématiques comme la résilience après un deuil et la puissance de l’amour fraternel.
A travers la destinée parfois cahotique de Jack et Mathis , complètement livrés à eux-mêmes, le long métrage de Christophe Blanc montre très joliment la solidarité, le courage et la dignité d'une fratrie face au deuil et comment l’énergie de la jeunesse peut finalement tout surmonter malgré les moments de découragement évidents.
On pense forcément au très beau Amanda de Michael Hers qui abordait un sujet proche mais avec un traitement différent.
Tournant le dos à un naturalisme trop évident au vu du sujet, Christophe Blanc ose des échappées lyriques , avec notamment cette très belle scène et l'utilisation de la musique de Georges Delerue (L'important c'est d'aimer)
Il s'aventure aussi, avec tout autant d'ambition à des séquences pleinement oniriques- les scènes avec le lézard notamment- qui emportent largement l'adhésion.
Cerise sur le gateau : les deux acteurs principaux de Just Kids sont vraiment formidables : on savait déjà depuis Quand on a 17 ans et L’Adieu à la nuit que Kacey Mottet-Klein savait tout jouer il le confirme parfaitement ici .
Face à lui le très jeune Andrea Maggiulli, dont c’est le premier rôle à l’écran, impose un naturel vraiment bluffant.
Un très beau drame intense et émouvant!
5/ Une belle équipe ; Mohamed Hamidi
Les joueurs de l’équipe de foot de Clourrieres dans les Hauts-de-France sont interdits de compétition à trois matchs de la fin du championnat.
La seule solution trouvée par leur entraîneur pour se maintenir dans leur division : monter une équipe féminine.
On finit cette sélection avec un film plus léger mais très sympathiques. Dans la lignée de la comédie "Comme des garçons" qui abordait déjà le football féminin sous l'angle de la comédie française à la feel good movie, Mohamed Hamidi renoue avec le succès de la Vache et offre une comédie pleine d'humanité et de chaleur.
Alors certes l'argument de départ est peu plausible et le film n'évite pas certaines caricatures.
Toutefois, le message féministe est forcément salutaire en se mosquant gentiment des hommes qui se retrouvent dans la position inverse de leur statut habituel
L'ensemble possède un coté comédie sociale à l'anglaise résolument sympathique porté par des acteurs bien investis, de Kad Merad- dans un role assez proche de celui qu'il tiedra dans un triomphe bientôt au cinéma à Céline Sallette ou la désormais incontournable Laure Calamy.
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