L'eau rouge : un polar croate en forme de tragédie déchirante
"Cet instant où Silva a dit Allez Salut! et fait virevolter sa robe vers la sortie, c'est la dernière fois qu'ils l'ont vu."
Tout commence le 23 septembre 1989 dans un village, près de Split, sur la côte dalmate. C’est le dernier automne du communisme, le régime de Tito est en train de s’achever.
Silva, 18 ans ou presque, quitte ce samedi soir, la maison de ses parents, pour aller faire la fête au bal des pêcheurs. Silva ne reviendra hélas jamais.
Ils sont relativement peu nombreux les polars croates qu'on pu trouver publiés et traduits en français. En voici un et un très beau qu'on vient de découvrir grâce à ses difféents prix littéraires successifs .
"L’eau rouge" a obtenu deux grands prix littéraires en Croatie et très récemment le Prix Le Point du polar européen 2021, décerné à l'occasion de la 17e édition des Quais du Polar le 2 juillet dernier.
Il faut dire que partant d'une histoire de disparition d'une jeune fille, sujet assez bateau dans la littérature criminelle, L’eau rouge est un roman d'une grande ampleur.
Jurica Pavičić, journaliste croate signe ainsi une fresque flamboyante sensible et déchirante qui se propose de sonder sur trente cinq ans l'impact de la disparition mystérieuse d'une jeune fille .
Celui qui menera l'enquête est un policier pas comme les autres, petit-fils d’un héros national de la Yougoslavie, compagnon d’armes de Tito, à ses côtés lors de la libération de Split en 1943.
Très vite, la grande Histoire s’en mêle et l'enquête prendra un autre virage et le livre de Pavicic entrera dans une autre dimension.
Un cold case, en forme de tragédie mélancolique , porté par des phrases breves et percutantes, par une vérité qui affleure comme dans un rêve, poids de l'absence, et qui raconte aussi en filigrane 30 ans d'histoire de la Croatie de la chute du communisme au conflit serbo croate.
" L’eau rouge », c’est une magnifique littérature que les excellentes éditions Agullo, celle de Valério Varesi et de Frédéric Paullin nous proposent ici avec ce bijou venu d'un peu nulle part ( enfin si de Croatie quand même) .
Un polar pas forcément idéal pour l'été, car à des années lumières des cosy mystery dont on a récemment parlé, mais qui mérite largement qu'on s'y arrête ne serait ce que pour son incroyable force littéraire.
L’eau rouge de Jurica Pavicic. Traduit du croate par Olivier Lannuzel. Paru le 11 mars 2021chez Agullo éditions. 22€. (358 p.) ; 21 x 15 cm
l'excellent polar l'eau rouge du Croate Jurica Pavicic a été couronné par le Prix Le Point du polar européen 2021, décerné à l'occasion de la 17e édition des Quais du Polar le 2 juillet dernier @Agullo_Ed @QuaisPolar pic.twitter.com/lh7B3tsSsy
— Baz'art (@blog_bazart) July 21, 2021