Drive my car : Murakami adapté dans un film d'une grâce absolue!
Le très grand romancier japonais Haruki Murakami, particulièrement apprécié en France, avait publié il y a quelques années chez son éditeur habituel Belfond « Des hommes sans femmes », un recueil de sept nouvelles qui avaient toutes pour point commun de mettre en scène des hommes qui ont fait le deuil de l'être aimé.
Parmi eux, la nouvelle Drive my car, qui partait sur les traces d'un homme qui cherche à savoir pourquoi sa femme disparue l'a trompé, avait littérallement emballé le cinéaste Japonais Ryusuke Hamaguchi.
Le réalisateur d'Asako et de Sense a eu la riche idée d'en livrer une adaptation fleuve de trois heures alors que la nouvelle en elle même ne dépasse pas les 50 pages.
Le travail du deuil, la communication en souffrance, la culpabilité , l'universalité de l'art : toutes ces thématiques déjà présentes dans la nouvelle initiale sont ici amplifiées, détaillées avec une immense subtilité et une grande maestria par un Ryusuke Hamaguchi très en forme.
Hamaguchi n'est pas le premier à adapter une histoire "murakamienne", on se souvient qu'il il y a trois ans, Lee Chang-Dong avait réalisé l'ncandescent Burning.
Le réalisateur japonaise a la riche idée d'explorer la quête de Kafuku pour retrouver le bonheur durant un long voyage aussi intense que bouleversant
Kakufu est un homme d'une grande douleur et souffrance, dont les 45 premières minutes (qui constitue le très long prologue d'un film qui voit son générique apparaitre qu'à ce moment là) apprend au spectateur les deuils et chagrins qu'il a rencontré.
C'est surtout un homme que la passion pour le théâtre et la rencontre avec une jeune chauffeur muette vont permettre de mettre à distance pour mieux accomplir son deuil.
Car ce Drive my car est avant tout le récit d'une une fuite en avant, intérieure plus que littérale, pour se défaire d’un passé qui ne quitte jamais vraiment le rétroviseur et l'habitacle de la voiture
Le réalisateur japonais réussit à utiliser le théâtre et les grands textes pour scruter au scalpel la psychologie de ses personnages sans que cela ne vire au procédé ou à l'élitisme.
Multipliant les personnages et les situations souvent très belles (ce diner avec un organisateur de festival et son épouse, comédienne sourde, une montée dans un village enneigé, jadis le lieu d'un sinistre épouvantable), Drive my car suit avec énormément de grâce ce travail de deuil avec une délicatesse et une splendeur absolues.
Trois heures qui passent à une vitesse incroyable pour assurément un de ces grands films du dernier festival de Cannes qui a d'ailleurs fait l'unanimité et qu'on aurait bien vu plus haut du palmarès !
Les festivaliers de #Cannes n'avaient pas menti: #DriveMyCar est un bijou de finesse et d'intelligence qui dit de fort belles choses sur la résilience et la difficulté à faire ses deuils sans se sentir coupable pic.twitter.com/z1bKB55TWD
— Baz'art (@blog_bazart) August 18, 2021