Adapté du roman homonyme de Joseph Andras, De nos frères blessés, second long métrage de Hélier Cisterne après Vandal en 2013, fiction française sur le graffiti, sortira en salles le 13 octobre prochain.
Le film revient sur le parcours de Fernand Iveton (1926-1957), militant anticolonialiste guillotiné à Alger durant la guerre.
On a eu la chance de le découvrir en avant première et on vous dit de suite pourquoi ce film est formidable sur un sujet tabou et éprouvant.
Entre 1954 et 1960, 198 condamnés à mort ont été exécutés en Algérie sous la présidence de René Coty, 45 sous la responsabilité de François Mitterrand alors garde des sceaux.
Un seul “européen”, Fernand Iveton. Le jeune homme d’à peine trente ans fut guillotiné le 11 février 1957.
Fernand Iveton était ouvrier tourneur. Communiste et syndicaliste, dès 1945, après les massacres de Sétif, Guelma et Kherrta, Fernand prend fait et cause pour les indépendantistes.
Un jour d’automne 1956 il pose une bombe dans un bâtiment désaffecté de l’usine où il travaille.
Un engin à retardement dont la portée destructrice est nulle.
Un acte terroriste qui doit faire du bruit mais pas de victimes.
Dénoncé par son contremaitre, il est arrêté, torturé et, après un procès expéditif, condamné à mort.
Une mascarade pour un coupable idéal. René Coty et François Mitterrand rejetteront sa grâce.
En peine guerre froide, un simple ouvrier communiste guillotiné,voilà de quoi s’attirer la sympathie des Etats-Unis.
Un vrai bon film sur une page d’histoire de France très peu glorieuse.
Un vrai bon film engagé comme on savait les faire dans les années 70.
L’histoire d’un martyr ordinaire, un idéaliste sacrifié.
Avec cette adaptation libre du roman de Joseph Andréas, Goncourt du premier roman en 2016, Hélier Cisterne filme tendre et efficace à la manière d’un Téchiné.
Une belle histoire d’amour, un engagement politique fort, et un héros broyé par la machine judiciaire.
Vincent Lacoste impressionne notamment par son jeu simple et dépouillé, tendre mais déterminée, Vicky Krieps est formidable, ils forment tous les deux un très beau couple de cinéma.
Après l'excellent “ Des hommes” de Lucas Belvaux, “ De nos frères blessés” s’attaque à une période noire et assez taboue du roman national français.
Pour la petite histoire, il faut savoir que dans les années 70, des militaires tels que Massu ou Bigeard paradaient à la télévision.
Rappelons juste qu' à cette époque, l'on pardonnait même aux criminels de guerre.
Un film nécessaire pour le devoir de mémoire.
Sortie initialement prévue le 13 Octobre 2021- Le film sortira en salles le 23 mars 2022
Distribué par Diaphana