La troisième guerre: Le désert des Barbares plongé dans le Paris post 2015
Léo, jeune soldat quelque peu zélé,entame sa première mission au sein d’un groupe de « sentinelles », patrouillant dans Paris pour prévenir exclusivement tout risque terroriste.
Tout le monde ou presque connait Le Désert des Tartares, roman du journaliste et écrivain italien Dino Buzzati, écrit en 1946, considéré comme un chef-d'oeuvre universel qui raconte l'histoire d'une attente.
Celle de l'hypothétique attaque de l'Ennemi.
Avec son premier long métrage, La troisième guerre, le réalisateur, italien mais vivant en France, Giovanni Aloi assume pleinement comme référence le roman culte de son compatriote en osant une version moderne et revisitée à l'aube des attentats du début du 21e siècle qui ont eu lieu dans les capitales européennes, et plus précisemment à Paris.
Il choisit en effet de raconter avec énormément d'acuité et de justesse le quotidien plein d'ennui et de vigilance à l'extrême de ces jeunes soldats affectés à l'opération Sentinelle mis en oeuvre après les attentats de 2015.
Le réalisateur montre bien à quel point l'opération Sentinelle fait mobiliser des soldats pour une guerre invisible, à la fois si loin,, si proche et condamnent ceux ci à l'errance et au déseoeuvrement
On voit nos militaires arpenter les arrondissements parisiens à la recherche de situations dans lesquells ils pourraient intervenir, étant parfois phagocytés par les policiers qui ne les jugent pas légitimes pour cela, s'inventer des exploits ou des petites amies imaginaires, bref tout pour tromper l'ennui dans lesquels leurs stituations les plongent .
Le cinéaste italien réussit parfaitement à filmer l'ennui sans être ennuyeux, donnant une dimension onirique, presque métaphysique à la quête du personnage principal , le toujours formidable et très nuancé Anthony Bajon, jeune provincial qui va peu à peu perdre ses illusions.
Le film mélange habilement les genres, entre thriller paranoîaque, récit initiatique, film de guerre (avec une scène de manifestation mise en scène de façon très impressionnante) et drame existentiel au final poignant.
Par ailleurs, son casting de premier choix ( outre Bajon Karim Leklou et Leïla Bekhti sont impressionnants ),rend cette quête dans un Paris hanté par le 13 novembre vraiment convaincante.
On pourra compléter cette analyse avec le morceau de Jacques Brel Je m'appelle Zangra elle même adaptée du roman de Buzatti : L'ennemi viendra et me fera héros !
LA TROISIÈME GUERRE; De Giovanni Aloi, avec Anthony Bajon, Karim Leklou, Leila Bekti 1h30- Sortie le 22 septembre 2021
Plongée extrêmement réaliste et documentée dans un groupe de " sentinelles" , des militaires appelés à patrouiller dans Paris après les attentats de 2015.. la fin est déchirante et @AnthonyBajon comme toujours y est formidable.. à voir dès mercredi en salles pic.twitter.com/7ixSbgYTOL
— Baz'art (@blog_bazart) September 18, 2021