Invisible; Antonio Dikele Distefano : Souvenir d’une enfance noire en Italie....
« Moi, je ne croyais pas en Dieu parce que si tout ce qui m’était arrivé dans la vie l’avait été par sa volonté, il ne méritait pas ma confiance. Je préférais m’en remettre à ma sœur ou à mon père. En vérité, je ne me fiais pas non plus à mes propre capacités, convaincu que j’étais qu’échouer était impardonnable, je n’avais pas encore compris que le « raté » n’est pas celui qui échoue mais celui qui ne tente rien. »
Souvenir d’une enfance, d’une enfance noire en Italie. Souvenir d’une enfance pauvre dans un pays peuplé de blanc. Où qu’il soit, quoi qu’il fasse, il impossible d’empêcher un enfant de rêver, pourtant peu de fées se sont penchées sur le berceau de Zéro. Parents séparés dès le plus jeune âge. Mère démissionnaire par amour, père présent mais à la vie nocturne mystérieuse et toujours cette impression d’être invisible aux yeux du monde.
« Le racisme, c’était que mon père avait du mal à m’acheter mes livres d’école tandis que la télé et les journaux nous informaient, tous les jours de nouveaux scandales financiers. Le racisme c’était la fête des pères parce que tous n’en avaient pas un. Là où nous grandissions, ce qui rassemblait beaucoup de mes amis, à part le foot, c’était l’absence d’une figure masculine, quelqu’un qui auraient pu les emmener jouer au ballon l’après-midi quand leur mère qui travaillait la nuit était épuisée. Quand ils étaient petits, ils dessinaient sur leur cahier le père qu’ils auraient voulu avoir, grand jusqu’au soleil, avec plein de cheveux. »
Chronique d’enfance de grande intensité, journal d’une absence, d’un vide quotidien impossible à combler. Le foot, la musique, les filles, l’écriture sobre et directe d’Antonio Dikele Distefano nous emporte dans les rêves d’un petit garçon dans sa banlieue triste.
Racisme quotidien, racisme systémique, une vie où la réalité la plus crue ne pourra jamais empêcher Zéro d’espérer. Une vie où pourtant le rêve ne devient jamais réalité.
« Ce livre est une fiction. Lieux et personnages sont issus de l’imagination de l’auteur. Toute ressemblance avec des faits, des lieux et des personnes ayant réellement existé est absolument fortuite. »… On aimerait le croire.
« Invisible » d’Antonio Dikele Distefano, est un récit grave mais aussi drôle et tendre comme l’enfance : et si le Petit Nicolas était noir ?
