Trois excellents polars étrangers dans la collection Série Noire de Gallimard
La Série Noire, la vraie, l'authentique, celle de chez Gallimard a dû maintes fois se réinventer.
Pour cette rentrée littéraire 2022, elle prouve encore sa force de frappe avec trois romans étrangers aussi différents qu'étonnants :
1 CHANG KUO-LI; Le sniper, le président et la triade
Présentation
Candidat à sa propre réélection, le président Hsü Huo-sheng est blessé alors qu’il remonte la bruyante rue Huayin à bord de sa Jeep de campagne customisée. Périmètre bouclé et premières constatations : deux cartouches vides de fusil de guerre ont été retrouvées dans une chambre d’hôtel tandis qu’on a deux balles de pistolet artisanal, l’une en cuivre et l’autre en plomb, auprès de la victime. Ça ne colle pas…
Le rival de Hsü, qui devance celui-ci de quelques points dans les sondages, charge l’ancien inspecteur Wu d’enquêter. Naturellement, Wu va fouiner du côté des triades.
La complicité du sniper Ai Li, cuistot clandestin dans un boui-boui de Taipei, ne sera pas de trop. Or ce dernier est contraint de prendre la fuite car on essaie de lui mettre l’attentat sur le dos.
Ce qu'on en pense :
Chank Kuo-Li, dont on avait déjà aimé le précédent roman au titre assez proche, nous livre un polar vraiment sympathique, un peu vintage peut être, mais qui a l'élégance de ne pas trop se prendre au sérieux.
A noter que l'argument initial part d'un fait réel : l'assassinat manqué du président taïwanais Chen Shui-bian en 2004. Mais il s'agit bien ici d'une fiction qui, au-delà de son suspense.
2. De la jalousie, Jo Nesbø
Présentation
Aucun remède à la jalousie sinon le temps ou la vengeance, à chaud ou calculée.
Autour de Phtonos, longue nouvelle démoniaque dont l’ambiguïté perverse aurait ravi Patricia Highsmith, six récits illustrent la jalousie meurtrière : du raffinement de la bourgeoise hitchcockienne aux atermoiements de l’auteur à succès installé à l’étranger ; de la pulsion primaire de l’éboueur bafoué à la résignation blessée d’une petite vendeuse issue de l’immigration ; de la préméditation froide du photographe d’art raté à la ruse d’un chauffeur de taxi humilié par sa femme.
Ce qu'on en pense :
Jo Nesbø revient avec un recueil de 7 nouvelles inédites toutes dédiées à … la Jalousie. Il utilise la nouvelle policière avec le panache d’un maître accompli du genre — construction impeccable, tension latente et sens de la chute — pour décrire la solitude humaine.
Les situations abordées sont bien construites et bien amenées, mais on a une petite préférence pour " Phtonos », la plus aboutie et passionnante dans laquelle un flic, Nikos, chargé d’enquêter sur la disparition d’un frère jumeau..
3. Deon Meyer, Cupidité
Présentation
Benny Griessel et Vaughn Cupido, ravalés au rang d’enquêteurs de base pour avoir enfreint les ordres de leur hiérarchie, soupçonnent leur punition d’être liée au meurtre en plein jour d’un de leurs collègues et aux lettres anonymes qu’ils ont reçues récemment. Mais ils n’ont pas le loisir d’approfondir la question car on les charge d’élucider la disparition de Callie, brillant étudiant en informatique.
Dans le même temps, Jasper Boonstra, milliardaire et escroc notoire, confie à une agente immobilière accablée de dettes la vente de son prestigieux domaine viticole. Conscient que la commission de trois millions de rands réglerait tous les problèmes de la jeune femme, l’homme d’affaires exerce sur elle un chantage qui la met au pied du mur.
A priori, il n’y a aucun lien entre les deux affaires, sauf le lieu, Stellenbosch, au coeur des vignobles du Cap. Mais lorsqu’elles convergent, la cupidité se révèle être leur moteur commun.
"Des gens éminents. Tu viens d'un milieu… disons moins sophistiqué. Tu t'appelles Sandra née Boshoff. Fille unique de Jannie Boshoff qui jadis jouait au rugby dans l'équipe de l'Eastern Free State. Talonneur. Curieux, les talonneurs sont souvent les plus… expressifs. Toute sa vie il a vendu des voitures d'occasion, mais jamais longtemps dans la même ville. Il a été poursuivi pour fraude, il y a dix, onze ans, n'est-ce pas ? Juste au moment où tu devais financer tes études."
Ce qu'on en pense :
Il s'agit du 8ème livre de la série composée du duo Benny Griessel – Vaughn Cupido. On peut dire que ce 8e volet est une pure réussite, est les retrouver est un pur plaisir.
Comme souvent, Deon Meyer livre avec son talent de portraitiste habituel une peinture sans concession d’un pays gangrénés par la cupidité et l’argent comme seule valeur !