[CRITIQUE] Sous les figues :un joli marivaudage Rohmerien dans un verger tunisien
Sous les figues, second long métrage tunisien d’Erige Sehiri suit, sur toute une journée, du matin au soir, des cueilleurs de figues dans un verger de figuiers, dans le Nord Ouest de la Tunisie.
Après un début silencieux dans lequel ou des hommes et des femmes jeunes et moins jenes sont transportés dans une camionnette, se met en place un récit quasi rohmerien, tout en douceur et en marivaudage, de jeunes gens se draguent, échangent, se désirent, se cherchent ou s’invectivent, sous les branches fragiles des arbres.
Le cadre presque idyllique de Sous les figues devient rapidement un prétexte à des discussions plus profondes qu'il n'en est l'air, notamment sur les conditions sociales et salariales, ou sur un désir des jeunes filles de dénoncer le patriarcat ambiant
Pour autant, les jeunes filles sont vues comme des insoumises, non comme des victimes de la domination des hommes.
« Ces personnages sont un microcosme de la société tunisienne et par extension de la société arabe, dans lesquelles on retrouve la beauté de nos pays, mais aussi le sentiment d’étouffement et le manque d’opportunités que la jeunesse peut subir », explique Erige Sehiri, dont le film a été réalisé avec des acteurs et actrices amateurs.
Mine de rien, la réalisatrice livre un échantillon assez précis de la société tunisienne tiraillée entre les traditions conservatrices plutôt rurales et des veilleités de modernité, de liberté et d’ouverture, portés notamment par les réseaux sociaux .
Le dispositif est très simple et épuré mais ce huis-clos en plein air distille une petite musique vraiment charmante porté par un travail du chef opérateur vraiment étonnant : les rayons du soleil passent à travers les branches du verger et cette lumière permanente rend ce film solaire et léger, et somme toute un vrai feel good, ce qui est finalement assez rare dans le cinéma nord africain ..
Sous les figues ***
Réalisation : Erige Sehiri
Avec : Fide Fdhili, Feten Fdhili, Ameni Fdhili
Dans les salles de cinéma le 7 décembre 2022