[CRITIQUE] Les Survivants : un survival puissant sous fond de drame des migrants
Samuel survit tant bien que mal à la perte de sa femme. Il part dans un chalet en haute montagne, non pour sauver une migrante mais pour s’isoler.
Il a besoin d’être seul, de faire le point, de ranger ce chalet, d'autres idées plus sombres encore en tête …
Le destin va lui faire rencontrer Cherheh, une femme migrante pourchassée arrachée à son pays.
Pour son premier long métrage , Guillaume Renusson a choisi de s’emparer d’un thème d’une actualité souvent tragique - le sort réservé aux réfugiés clandestins à la frontière franco- italienne - mais avec la judicieuse idée de faire se percuter deux histoires de survivants et de solitudes brisées .
Cette femme qui a fui l’Afghanistan et tente de traverser la frontière en échappant à la surveillance d’une bande de fachos et un homme qui, rongé par la culpabilité après la mort de sa femme, part s’isoler dans un chalet perdu au milieu de nulle part, dans la montagne.
Les Survivants est un film de duo où se joue la rencontre de deux personnages qui se méfient l’un de l’autre, obligés de s’apprivoiser mutuellement parce que traqués.
Le titre Les Survivants est important : s’il annonce en partie le genre survival, il caractérise aussi les personnages : ce n’est pas tant qu’ils vont survivre, c’est qu’ils sont déjà en survie quand le film commence.
Les Survivants transcende tout à la fois le drame intime et le film sociétal qu’il semble de prime abord développer pour se métamorphoser en survival alpestre
Notre duo malgré lui va en effet devoir rivaliser de courage pour échapper aux griffes de leurs poursuivants prêts à tout pour les stopper dans leur périple.
Mise en scène à l’os, efficace et jamais simpliste, Les Survivants s’appuie aussi sur un duo majeur, deux des piliers majeurs de notre dernier été ciné : Denis Ménochet, le héros d’As bestas et Peter van Kant et Zar Amir Ebrahimi, le prix d’interprétation féminine cannoise pour Les Nuits de Mashhad.
Leur duo à rebours des clichés de la romance habituelle, touche profondément.
Guillaume Renusson signe une œuvre nécessaire et puissante autour de deux êtres blessés face aux dangers d’une nature hivernale hostile qui permet à la violence latente de s’exprimer dans toute sa frontalité.
S’inspirant de plusieurs faits divers, le film de Guillaume Renusson évoque non seulement un sujet polémique rarement évoqué au cinéma, mais aborde également divers sujets liés à l’exil (l’évocation du mari perdu en Grèce, la délicate scène où la femme craint pour son intégrité physique...) tout en n'éludant aucunement les scènes de violence, réalisées avec une grande efficacité.
Un des très bons films de début 2023!
Les survivants, *** à découvrir en salles le 4 janvier 2023