Rencontre cinéma Mathieu Madenian en interview pour le film "Pour l'honneur"
ENTRETIEN AVEC MATHIEU MADENIAN, INTERPRÈTE DE DÉDÉ DANS POUR L'HONNEUR
CONNAISSIEZ-VOUS PHILIPPE GUILLARD ?
Je l’avais rencontré il y a une dizaine d’années grâce à mon producteur Kader Aoun dans un petit Comedy Club où j’étais à la fois gestionnaire et acteur.
Nous avions sympathisé mais nos chemins ne s’étaient jamais recroisés. J’ai été vraiment heureux qu’il m’appelle, pour me proposer ce joli rôle de Dédé dans un film qui se passe dans le milieu du rugby, un sport que, comme tous les Perpignanais, j’adore, même si je ne le pratique pas.
J’avais bien essayé quand j’étais ado, mais étant donné mon gabarit, je m’étais fait valdinguer. Au deuxième «essai», j’avais laissé tomber et opté pour le tennis !
EN DEHORS DU FAIT QU’IL SE DÉROULAIT DANS LE MILIEU DU RUGBY, QU’EST-CE QUI VOUS A PLU DANS LE SCÉNARIO ?
Surtout la générosité de son propos. Je suis petit-fils d’immigrés. Quand mes grands-parents sont arrivés d’Arménie, ils ont eu la chance de tomber sur des gens qui, tout en respectant leur identité, leur ont tendu la main. Grâce à eux, ils ont pu s’intégrer sans trop galérer.
Quand j’ai lu le scénario de Philippe, tiré d’une histoire vraie, j’ai aussitôt pensé à mes grands-parents. Forcément, ça m’a beaucoup touché. Et puis le personnage de Dédé me plaisait beaucoup.
C’est un type comme on les aime, et comme on en connaît tous : vrai, honnête, chaleureux, marrant et farfelu, avec, en plus, un cœur d’or. Le genre de personne qui peut débloquer les situations les plus conflictuelles.
En lisant le scénario, j’ai vu Dédé comme un personnage de cartoon mais qui, étant donné la tonalité et le sujet du film, demandait à être joué de façon réaliste, sans caricature, tout en étant quand même drôle puisqu’il l’est, malgré lui, à cause de sa faconde.
Avec Philippe on l’a un peu retravaillé pour le rendre le plus proche possible de ma personnalité et on l’a affiné ensuite, au fur et à mesure du tournage.
LE PHILIPPE GUILLARD RÉALISATEUR EST-IL DIFFÉRENT DU PHILIPPE GUILLARD SCÉNARISTE ?
Philippe pourrait changer mille fois de casquette, je crois qu’il ne bougerait pas d’un iota. D’ailleurs, qu’il soit derrière son ordinateur, sur un plateau ou dans la vraie vie, il est toujours le même : chaleureux, simple et attentif.
Il guide, encourage, console, rassemble et rassure. C’est un vrai capitaine. Il prend soin de ses troupes.
Quoiqu’il fasse et où qu’il soit sur le tournage, devant ou derrière son combo, il a toujours un ballon sous le bras, ovale évidemment. Un peu comme un fétiche !
Sur ce tournage, on a rapidement laissé nos egos de côté, on a bossé main dans la main et je crois que ça transperce l’écran… On peut jouer la comédie mais il y a des choses avec lesquelles on ne peut pas tricher…
VOUS JOUIEZ POUR LA PREMIÈRE FOIS EN TANDEM AVEC OLIVIER MARCHAL. VOUS ÊTES-VOUS TOUT DE SUITE ACCORDÉS ?
Étant quasi débutant dans le métier d’acteur, j’avais un peu d’appréhension. Mais elle a vite été balayée : Olivier est un comédien généreux et dépourvu d’ego. Il travaille sérieusement, sans se prendre au sérieux.
C’est un partenaire de rêve. Quand il joue, il vous regarde et il envoie ses répliques exactement là où elles doivent tomber, ce qui facilite beaucoup les retours !
J’ai été épaté aussi de voir à quel point, lui qui interprète si souvent les flics dépressifs ou nerveux dans des polars noirs, a le sens de la comédie. Il en a le ton, le sens du timing, et même, si j’ose, la «gueule».
Quand il s’y met, il est désopilant. On s’est bien amusés tous les deux.
Y-A-T-IL EU POUR VOUS DES SCÈNES PLUS MÉMORABLES QUE D’AUTRES ?
Je n’étais pas toujours sûr d’être marrant quand la scène que je jouais devait l’être. Après la prise, j’attendais, avec un peu d’inquiétude, l’avis de Philippe… qui ne venait pas toujours.
Ce qui m’a rassuré, c’est d’entendre les éclats de rire venant des tribunes pleines à craquer pendant les scènes en extérieur.
J’ai compris que je pouvais faire rire avec les mots d’un autre, dans un personnage qui n’était pas moi-même ! Effacer Mathieu Madénian derrière ce Dédé à moitié barbu sous une casquette informe m’a donné de l’assurance.
Grâce à Dédé, et à Philippe, que je ne remercierai jamais assez de m’avoir fait confiance, j’ai appris à composer un rôle.
DANS QUEL ÉTAT ÊTES-VOUS SORTI DU TOURNAGE ?
Fier et heureux d’avoir participé en tant que petit-fils d’immigré à un film qui montre, avec autant de simplicité, le plaisir qu’on peut tirer du «vivre ensemble».
Ce tournage a été pour moi, comme une façon de remercier ceux qui, il y a maintenant près d’un siècle, avaient ouvert leurs portes à mes grands-parents, et tous ceux aussi qui, par la suite, et encore aujourd’hui, ont fait, ou continuent de faire preuve de la même générosité.
Pour l'honneur de Philippe Guillard
le 03 mai 2023 au cinéma.
Extrait du dossier de presse -
Photo Fabrice SCHIFF