L'été dernier, Catherine Breillat : NOTRE CRITIQUE DU FILM POUR/CONTRE
L’Été dernier est un remake du film danois Queen of hearts, projet apporté par le producteur Saïd Ben Saïd à Catherine Breillat, lui donnant l’occasion de réaliser l’un de ses plus grands films, elle qui était absente des écrans depuis un décevant Abus de faiblesse en 2014.
Laissant une impression mitigée aux festivaliers lors du dernier festival de Cannes, le film sonde un amour interdit avec énormément de trouble et de maîtrise.
Et nous divise profondément également ..
L’été dernier raconte une romance incestueuse entre un garçon de 17 ans et la femme de son père.
Catherine Breillat avait déjà exploré une relation entre une femme adulte et un jeune garçon de 17 ans dans Brève Traversée, dans lequel elle traitait déjà de la question de la différence d’âge.
Ici, cette question est un peu éludée pour se concentrer sur la dynamique d'abord passionnée, puis tortueuse, entre les deux protagonistes.
Avec Breillat aux commandes, on sait qu'on va affaire à faire à du cinéma évidemment sulfureux et transgressif, mais cet été dernier surprend finalement par son refus de l'hystérie et de l'excès jusqu'à insuffler une certaine tendresse dans son refus d'aborder frontalement la question de la différence d'âge et de ne jamais condamner ses personnages.
Oeuvre d'une grande beauté formelle et dominée par le jeu incandescent de Léa Drucker, cette déclinaison sur le désir interdit embrasse l'épure du décorum bourgeois.
Breillat y convoque Pasolini de Théorème ou le Jean Claude Brisseau de Noce Blanches pour y apporter un souffle plutot délicat.
Samuel Kircher, pour son premier rôle important au cinéma agace moins que son frère Paul vu chez Honoré
Il y distille son venin à une Léa Drucker excellente, et très bien épaulée par Olivier Rabourdin, d'une subtilité et mélancolie qui font plaisir à voir.
Le traitement magnifié par la belle photographie de Jeanne Lapoirie, accordé à cette relation contraire aux bonnes mœurs suscite parfois le malaise, et l’engrenage psychologique dans lequel tombent les personnages est passionnant et d'une folle intensité.
L'été dernier , avec ses personnages sur le fil, et grâce à une mise en scène d'une force incroyable dans la manière de filmer les visages , signe le retour en force assez inattendu de Catherine Breillat.
L’Été dernier est en salles depuis le 13 septembre 2023. Vu dans le cadre des avant premières du cinéma Lumière