{CRITIQUE] L'ENFANT DU PARADIS: Salim Kechiouche , intense et personnel
Yazid commence, à presque la quarantaine, à être remarqué comme acteur. Pour la première fois, amoureux, il a envie d’une vie de couple, avec une actrice, Garance (la trop rare Nora Arnezeder, au jeu hyper naturel).
Des débuts prometteurs pour cet homme encore jeune mais qui a connu des errances, dans la nuit et les addictions. Sous sa flamboyance détendue se cachent un écorché vif marqué par son histoire familiale et un toxicomane, clean depuis six mois seulement. En réalité, Yazid est en équilibre sur un fil…
On aime bien à Lyon le comédien Salim Kechiouche, enfant de Vaulx-en-Velin, qui vient un peu trop rarement donner de ses nouvelles.
Celui qui a notamment joué chez Gaël Morel mais aussi et surtout Abdellatif Kechiche, avec un petit rôle dans La Vie d’Adèle mais aussi et surtout le charismatique Tony dans Mektoub My Love vient présenter ce soir au Pathé dans sa ville natale de Vaulx en Velin son premier long métrage L'enfant du Paradis, au titre forcément largement inspiré du chef d'oeuve de Marcel Carné.
En une unité de temps, un jour et une nuit, Salim Kechiouche joue un personnage qui lui ressemble pas mal mais qui est aussi très inspiré par son ami,Yasmine Belmadi, comédien prometteur décédé il y a 13 ans en pleine ascension.
Avec des moyens qu'on devine très restreints, Salim Kechiouche a su transcender cette histoire si personnelle en un récit universel sur ces racines qu’au fond de nous meme on arrive jamais totalement à effacer et qui nous immergent dans des ombres les plus tapies en nous.
Le cinéma de Kechiouche, qui a été visiblement formé à la bonne école avec Kechiche, est profondément viscérale et organique.
On aime la façon dont sa caméra ne lâche pas les visages, filmés en plan serrés au plus près et sa manière puissante, de filmer la nuit, (beau travail de Jérémie Attard à la photographie), comme l'instant de tous les possibles, pas loin du cinéma de Cassavetes dont le primo réalisateur lyonnais semble adorer le travail.
Entre rage et mélancolie, tendresse et intensité, cet enfant du paradis a tout d'un coup d'essai, du cinéma à fleur de peau pleinement réussi!