Y'a pire (qu'une graine de talent) - Comédie des 3 bornes (Paris)
« Il faut qu'j'arrête de m'plaindre, faut prendre sa chance, on est des hommes. Intransigeant avec moi-même et tolérant avec les autres. Il faut qu'j'arrête de m'plaindre, y a tellement pire en ce bas-monde » sur les mots de Nekfeu, le rideau vient de tomber et derrière la figure d’une nouvelle tête. Son nom : Coralie Mennella.
Passionnée de théâtre, elle s'y forme dès son plus jeune âge par le biais d'une formation professionnelle au Centre des Arts de la Scène (Paris XV) alliant théâtre, chant et danse afin de compléter une approche corporelle de la pratique. A sa sortie, elle monte « La Compagnie Les Âmes Usées » tout en s’intéressant à l’écriture poétique.
Cela nourrit une autre approche de la scène et du jeu : le théâtre en appartement, initié avec son actuelle metteuse en scène Kadia Ouabi. Ce n’est plus le spectateur qui vient au théâtre mais le théâtre qui vient à lui. Début 2019, c’est un rêve qui se concrétise : l’écriture de son premier seule-en-scène.
La comédienne incarne des portraits de femmes marginalisées par la société et éraflées par sa violence, des addictions au mal-logement et la précarité, en passant par la maladie et l’endettement.
Cette pièce se veut être un éventail de la misère sociale mais ne verse jamais dedans, elle redonne même de l’humanité à des destins de femmes souvent insivibilisées ou tues. Les transitions sont assez fluides auxquelles la musique apporte une douceur aux émotions de Coralie Menella.
Si poignante, elle nous prend à chaque fois dans un moment phare de chacun de ses personnages : on pense notamment à une alcoolique forcée de quitter son trouple, avec sa femme et Chardonnay.
Au-delà de l’humour, présent tout au long du seule en scène qui accentue l’absurdité de la vie, la comédienne aborde les sujets de l’alcoolisme et du tabagisme comme étant dissous dans la société et détructeurs ; sans oublier le mal-logement avec une SDF qui s’improvise poétesse dans un couloir de métro. Seule l’employée de banque cynique détonne de deshumanité, une manière de nous montrer la réponse violente…
La mise en scène est hyper sobre : un plateau nu, une comédienne sur scène avec trois cubes qui font office de table et quelques accessoires.
De cette sobriété, en ressort la volonté de mettre en valeur tous les personnages sur scène. Chacun évolue dans sa situation face auquatrième mur. Mur qui se retrouve à un moment brisé (gardons le suspens).
Il est clair : Coralie Menella est un nouveau talent à la Mathilde Serrell avec sa palette d’émotions qu’il ne faut absolument pas rater.
Surtout qu’une nouvelle mise en scène vous attend à partir de février.
Jade SAUVANET
Crédits photos : Kadia Ouabi
Y'a Pire
Écrit par Coralie Menella
Mis en scène par Kadia Ouabi
Tous les mercredi à 21h puis tous les samedis à 18h à partir du 24 février 2024