C'est pas facile d'être heureux quand on va mal (mieux vaut en rire!) - Théâtre Lepic (Paris)
Ahhh Paris ! Sa belle capitale, ses rues, son charme et sa morosité historique…
Ici on retrouve trois histoires concentrées de 5 parisien.ne.s : un couple dans lequel Nora et Jonathan traverse une période compliqué, décide de se séparer, après des années ensemble même.
Jeanne pense qu’elle a une vie nulle encore plus au moment où on lui diagnostique un cancer, Maxime enchaîne les rencontres dans l’espoir de rencontrer l’homme de sa vie. Et c’est nul aussi. Timothée lui, pense qu’il est heureux, alors que sa vie est nulle (et qu’il est émotionnellement indisponible). Le pitch nous présente leur vie comme une quête perpétuelle du bonheur.
De prime abord, lire cette histoire n’est pas des plus révolutionnaires et on peut penser que cela va être une pièce écrite par un parisien pour des parisien.ne.s et cela restera dans les murs de Paris. Or Rudy Milstein adopte un point de vue, comment dire, mordant. L’écriture demeure satirique et l’analyse des personnages se base sur un humour noir, marqué au crayon gras noir.
L’auteur et comédien tire des fils très personnels pour les mettre dans sa nouvelle création : d’un côté, la représentation des personnes LGBT avec laquelle il joue avec les stéréotypes entre Maxime et Timothée et de l’autre, une peu de l’histoire de ses grands-parents rescapés de la déportation avec le personnage de Jonathan (Milstein confiait dans une interview à C à vous qu’ils passaient tous leurs étés en Allemagne dans les années 1950 pour montrer qu’ils avaient survécu).
En effet, ce personnage, psychanalyste passe la pièce entière à se pencher sur le traumatisme trans-générationnel vis-à-vis de ses grands-parents déportés à Bergen-Belsen, jusqu’à exaspérer Nora.
Un questionnement dans lequel il trouvera une écoute dans le parcours de Jeanne…
La devise de Rudy Milstein , qu'on a connu récemment réalisateur de son premier long métrage, se résume à : « on prend le pire et on arrive à en rire ».
La mise en scène plutôt ingénieuse est portée par une plateforme qui crée différentes ambiances, elle transporte une table modulable dans tous les sens et aidée de projetions qui nous plongent dans différentes ambiances, du théâtre à la ligne 2.
Quant aux comédien.nes, ils sont virevoltants, débordent d’énergie, ce qui fonctionne pour cette pièce, au vu des histoires d’abord pleine de tristesse. Mais Baya Rehaz et Zoe Bruneau se distinguent par leur jeu hilarant !
On passe un très bon moment grâce à cette bonne comédie feel good on rit grâce à l’écriture absurde et de l’humour noir très noir assez dosé.
Attention pour les craintifs de ce type d’humour : le second, même troisième degré est de sortie tout le long !
Crédits photos : Alejandro Guerrero
“C’est pas facile d’être heureux quand on va mal”, ça joue où ?
Écrit par Rudy Milstein
Mise en scène par Nicolas Lumbreras & Rudy Milstein
Du mercredi au dimanche à 21h
Jusqu’au 12 mai 2024
Théâtre Lepic (Paris 18e)
Jade SAUVANET