COUP DE COEUR ♥️ LITTERATURE: VIOLAINE HUISMAN; Les monuments de Paris
"Figure toi que je me suis mariée, papa chéri. Quand je te l'annonce à ton chevet entrer deux visites d'infirmière, tu t'indignes : et tu ne m'as pas convié à ton mariage? Ce n'est pas très courtois de ta part de ne pas inviter ton vieux père. J'aurais fait un beau discours! Sans l'ombre d'un doute."
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On s'en souvient encore fortement : venue d'un peu nulle part, Violaine Huisman nous avait épaté il y a six ans avec "Fugitive parce que reine", un roman bouleversant largement autobiographique.
Elle y rendait alors un vibrant hommage à sa mère, Catherine, une femme vraiment excessive que les médecins ont diagnostiqué comme "maniaco dépressive", à une époque où on de disait pas encore" bipolaire" pour qualifier ces individus qui alternent périodes d’euphories et séquences de grande dépression et auto apitoiement.
En cette rentrée de janvier 2024, c'est à son père Denis, décédé en 2021, ainsi qu’à son grand-père Georges dans ce roman qui retrace leur histoire, et nous fait découvrir la naissance du festival de Cannes et le marketing associé à la philosophie.
Un très beau récit sur les fardeaux et les fantômes d'une famille, sur l'Histoire et le patrimoine culturel français et qui plonge le lecteur dans le destin tragique des familles juives dans la France occupée.
Violaine Huisman tisse un fil ténu mais solide entre l'intime et le collectif à travers le destin de cette famille et nous renseigne avec minutie et rigueur sur des pages d'histoire politique et culturelle de la France avant-guerre.
Violaine Huisman vit depuis 1998 à New York, où elle a fait ses armes dans l’édition et se charge actuellement des événements littéraires pour BAM (Brooklyn Academy of Music), le plus vieux théâtre des États-Unis. Elle a traduit Un crime parfait de David Grann pour les éditions Allia. Son premier roman, "Fugitive parce que reine", publié chez Gallimard, a reçu les prix Françoise-Sagan et Marie Claire du roman féminin 2018.
J'ai tant attendu que nous puissions, un jour, quand je serais grande, quand tu serais vieux, quand plus rien n'aurait d'importance parce que tout serait bientôt perdu, nous parler sincèrement, que tu arrêtes avec tes tirades et tes conclusions sommaires et tes explications à l'emporte-pièce et tes citations et tes bons mots.