Young adult : le (pas si) triomphal retour de la reine du lycée
Je sais pas vous, mais pour ma part, j''ai toujours eu tendance à confondre deux réalisateurs américains aux univers proches, Alexandre Payne et Jason Reitman, qui sont un peu issus de la même famille artistique.
C'est vrai, quoi, tous les deux ont effet l'habitude de prendre comme point de départ des comédies américaines aux abords traditionnels, voire populaire, et de les faire légèrement dérailler pour nous dresser in fine des peintures très grincantes de l'american way of life.
Les derniers films de ces réalisateurs, sortis tous deux en ce début 2012, et qui, pour moi, font partie des meilleurs films de ce début d'année, ne font que corroborer cette impression de similitude entre les deux univers.
Reitman, à l'instar de Payne, aime par dessus tout disséquer au scalpel cette amérique blanche qui ne supporte pas les marginaux, les looser, ou même ceux dont leurs années de gloire, bien réelles, sont derrière eux.
C'est ce qui est le cas pour Mavis, l'ancienne reine de beauté du lycée de Mercury, une de ces ces stars du lycée qui peuplent les films ou séries pour teenagers, mais qui en général ont rarement le beau rôle, ces sortes de pestes, en général bombesques, mais dénuées d'intelligences et/ ou d'humanité. En général, ces filles servent plus au décorum, mais on ne va jamais voir ce qui se passe dans leur tête, et encore moins voir si, quelques années après, leur popularité est aussi grande qu'à cette époque bénie des dieux.
C'est dans cet esprit que Young adult m'a fait un peu penser à cette mode (retombée?) du site Copain d' avant, cette époque où on allait tous jeter un oeil sur la page de nos camarades de lycée pour soi disant prendre de leurs nouvelles, mais,avec comme finalité non avouable, se rassurer qu'en fin de compte, ils n'ont pas mieux réussi leur vie que nous.
Car si Mavis est si mal accueillie, c'est sans doute, plus qu'àcause de la mauvaise réputation qu'elle traine derrière elle, du au fait qu'elle, au moins, ait réussi à quitter cette ville dortoir pour la grande ville (Mineapolis) et asseoir une certaine renommée avec ces livres pour ado (pour Young adult comme elle aime le rappeller).
Du coup, la plupart de ses anciens camarades, jaloux de cette singularité, auront tendance à ne pas l'épargner, d'autant plus que Mavis ne fera rien pour se rendre aimable. Car c'est aussi la grande particularité du film et du cinéma de Reitman, axer son intrigue autour d'un personnage principal pas vraiment sympathique, qui a tendance à dire tout haut ce qui ne se dit pas, (du genre, mais non ce bébé, il n'est pas beau, vous avez vu cette tête de près?)
Si le film peut dérouter ceux qui s'attendent à une comédie légère pour adolescent, je suis personnellement tombé sous le charme de ce film, qui possède, entre autres atouts, une qualité d'écriture bien au dessus de la moyenne, avec notamment un personnage secondaire de geek associal très finement campé, bien loin des stéréotypes dela comédie US classique.
Et évidemment, la petite musique, extrêmement mélancolique que distille le film jusqu'à sa fin, pas vraiment la happy end attendu (on a un peu peur à un moment, mais ouf, ca bifurque vite) font de ce Young Adult, pourtant bien dénigré sur la blogosphère, un très beau film que je recommande vivement.