Baz'art  : Des films, des livres...
31 mai 2012

The devil's double: un inédit en salles qui a du chien!!!

DEVIL'S DOUBLE_DVD 3DJ'ai beau essayer de chasser de mon esprit a priori et généralités, il m'en reste souvent à l'esprit que je n'arrive pas à faire partir. Ainsi, lorsqu'un film étranger est inédit en France et passe directement par la case DVD, je me dis toujours qu'il existe toujours une bonne raison à cela, et qu'elle souvent liée à l'absence de qualités de l'oeuvre en question.

Ainsi, j'ai hésité à recevoir et chroniquer avec Ciné Trafic le DVD The Devil's Double, le dernier film de Lee Tamahori,  (qui est sorti  le 2 mai, Distribué par BAC films), alors même que ce dernier avait réalisé un immense film, qui a profondément marqué ma jeunesse: l'Ame des guerriers, une plongée en apnée étouffante et bouleversante dans le quotidien d'une famille maorie d'Aukland.

Depuis, Lee Tamahori, récupéré par Holywood, n'avait jamais vraiment confirmé les promesses de son premier film, en livrant des films soit hônnetes ( A Couteaux tirés), soit complétement ratés ( Next). Mais tous ses films étaient sortis dans nos salles françaises, du moins avant ce Devil's Double, qui avait pourtant été projeté  lors du festival de  Berlin 2011 et à Sundance avec un certain succès, et qui devait au départ sortir en France durant l'été dernier, avant que le film ne disparaisse mystérieusement de l'affiche comme c'est souvent le cas.

Cependant, la présence au générique de l'actrice française Ludivine Sagnier, plus habituée du cinéma d'auteur français (celui d'Ozon ou d'Honoré) aurait pu pousser les distributeurs à lancer le film en salles. Mais il n'en fut rien, et comme le film n'a pas marché aux USA, les producteurs ont eu peur qu'il fasse une sortie trop discrète dans certains pays peu enclins à se passionner  au départ pour le sujet.

Et pourtant ce sujet était vraiment passionnant sur le papier, puisque The devil's double raconte l'épopée d'Oudai Houssein, le rejeton de son dictateur de père, Sadam Hussein. Personnellement, j'avais très vaguement entendu parler à l'époque de l'apogée du dicacteur irakien que Sadam Hussein avait un fils complétement fou, mais ma curiosité n'était pas allée plus loin que cela, et ce film, même avant de le voir avec déjà cet atout, en savoir plus sur ce personnage psychotique.

Et le film est bien plus qu'un simple portrait d'un homme, car il est décrit à travers les yeux de Latif Yahia, un soldat engagé pardominic-cooper-the-devils-double Oudai comme sosie officiel. En effet, Oudai convoque le lieutenant Latif Yahia qui lui ressemble fortement afin d'assouvir sa dernière lubie : Oudaï veut un double, un fiday. Latif est contraint d'obéir sous peine de voir sa famille exécutée. Il s'efforce alors de ressembler à Oudaï, d'adopter sa démarche, son langage et ses intonations et pénètre dans l'univers débauché du "Prince Noir" : les femmes, les voitures de course et l'argent sont partout.

Lee Tamahori  réalise avec ce film un long métrage inspiré de la vie du fils aîné de Saddam Hussein, et pour tisser les toiles de son  récit,  il  s'est appuyé ( avec son scénariste Michael Thomas) sur les Mémoires de Latif Yahia.  Si ces mémoires ne semblent pas toutes authentiques ( et d'après les interwievs que j'ai pu lire, Tamahori semble  beaucoup douter de la parole de Yahia), la folie d'Oudai Hussein était bel et bien avérée, et du coup, est un personnage absolument cinématographique en diable.

177584_5734a865ccdcf6cf0330bb81a9c418b3Dans l’entourage de Saddam Hussein, les filles, les clubs, la drogue, la torture et le luxe abondent. Tous ces élements font lorgner le film non pas vers la chronique ou satire politique, mais bien le films de gansters, Oudai Hussein faisant largement penser au Scarface joué par Al Pacino, en encore plus fou : manipulation psychologique, violences, menaces, tout est bon pour faire craquer Latif, le faire devenir une marionnette entre les mains du fils Hussein. 

Le scénario explore donc de façon très intelligente et très souvent passionnante la relation entre ce sosie, au départ un homme modeste et intègre, et son modèle, qui est tout son contraire. Mélange de fascination et de répulsion, les liens sont empreints d'une ambiguité et d'une  rare complexité. Mais pour nous restranscrire au plus juste cette complexité, il fallait un acteur excpetionnel pour jouer l'élève et son modèle. A cet effet, Dominic Cooper , que je n'avais vu que dans des rôles assez anodins (Mamma Mia, Captain America, Tamara Dreveparvient à transmettre de façon prodigieuse l’abîme qui sépare le sosie de son tortionnaire et double. En revanche, Ludivine Sagnier se sort plus difficilement d'un rôle (celui d'une bimbo irakienne (?), et compagne officielle d'Oudai, qui a également des vues sur Latif) hélas trop décoratif pour exister vraiment, écrasée par la monstueuse performance de Cooper.

Scénario solide, intepretation habitée de l'acteur principal, le film ne serait  toutefois pas aussi réussi sans la mise en scène coup de poing de Tamahori, qui épouse parfaitement son sujet. Frénétique, rythmée en diable, usant de séquences rapides  sans plan séquences, on est totalement plongé dans la peau de Latif, et on partage avec lui ses doutes et ses alternoiements. Dans ce monde de pouvoir et d'argent, Tamahori semble parfaitement à l'aise et donne chair à tout un contexte politico-diplomatique qui fait froid dans le dos, mais qui est vraiment passionnant à suivre.

Bref, passé un ou deux passages plus flottants vers la fin du film, The Devil's double est un très grand film dont la sélection à Berlin est totalement justifiée, au contraire de sa non sorties en salles. Peut-être que la vision de ce DVD me fera, à l'avenir, défintivement changer d'avis sur les sorties directes en DVD de films si excitants sur le papier. et sur l'écran!!!


The Devil’s Double - Trailer / Bande-Annonce [VO|HD]

L'édition  DVD est tout aussi réussie que le film, avec notamment "Nous les Irakiens", un passionnant documentaire d'Abbas Fahdel (52') réalisateur d'origine irakienne installé en France qui nous montre une autre facette du régime dictatorial irakien. Le film nous introduit dans l’intimité de familles irakiennes partagées entre le soulagement de s’être libérées de la dictature et le désarroi face au chaos de l'après-guerre.
Dans les autres bonus à retenir, celui sur Dominic Cooper qui nous explique, sans nous en dévoiler tous les mystères, comment il a réussi à entrer dans la peau de ces deux personnages, Docteur Oudaï et Mister Latif

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