Ces plus belles vacances ne sont pas les miennes
En début de semaine, j'ai vu dans mon quotidien préféré que Philippe Lellouche se félicitait de reprendre sur les planches, 7 ans après ses débuts, le succès phénoménal qu'il a écrit, mis en scène et interprété avec sa bande de copains, Le Jeu de la vérité, qui raconte l'histoire d'une bande de potes qui se retrouvent et se balancent leur 4 vérités (c'est moi ou j'ai l'impression que le pitch d'une pièce de théatre moderne sur deux ressemble peu ou prou à ca?)?
Bref, n'ayant pas vu la pièce, je ne saurais dire si ce triomphe (la pièce été joué dans plusieurs pays différents, notamment en Russie où elle fait un carton) est mérité ou non, et si Philippe Lellouche est un auteur de théatre et dramaturge digne de sa réputation.
Tout ce que je peux dire c'est qu'au vu de son premier film en tant que cinéaste, Nos plus belles vacances, sorti en début d'année dans les salles, et rattrapé cette semaine en DVD, il est un bien piètre cinéaste.
Sur le papier, le film semble avoir été déja fait une bonne dizaine de fois : les souvenirs d'enfance d'une famille en vacances dans la France des années 70, on l'a vu maintes et maintes fois, de La Baule les pins de Diane Kuris au Skylab de Julie Delpy.
Lellouche a au moins pour lui sa sincérité puisque les modèles qu'il prend sont totalement sortis de ses souvenirs d'enfance, à lui et son frère, Gilles Lellouche (qui fait ici la voix off, chargé de réciter ce texte lourd et sursignifiant, mais malheureusement c'est bien le seul atout qu'il peut mettre en avant.
Nos plus belles vacances cumule en effet les tares : une réalisation tout juste digne d'un téléfilm de france 3 (voire TF1, si je veux être encore plus méchant), des situations se voulant humoristiques mais qui tombent constamment à plat, et surtout le plus gros problème, un scénario qui met allégrement les pieds dans les clichés et les stéréotypes. Mais pourquoi diable les paysans bretons que croisent ces parisiens en vacances sont-ils tous aussi demeurés et analpahètes? Pas sûr que les paysans et les bretons aient accepté de se voir en un tel miroir (pas sûr qu'ils aient vu le film d'ailleurs)..
Et les parisiens ne sont pas forcément mieux lotis, aucun personnage n'a la moindre épaisseur qui puisse lui conférer un peu de véracité psychologique (le pire étant peut etre le personnage joué par Christian Vadim, le mec trop con au grand coeur).
Et malgré ce parti pris pris par Lellouche d'opter pour une version caricaturale à toute berzingue, le film ne joue pas à fond la carte de la comédie, puisque une morale éculée (apprendre à aimer son prochain dans la différence) vient plomber les spectacteurs les plus indulgents.
Devant un tel naufrage, deux grosses questions ont résonné dans mon crane pendant toute la vision du film...que fait la délicieuse Julie Gayet dans cette galère? Et pourquoi n'a t on pas enfermé à clef Philippe Lellouche dans son théâtre afin que ne lui vienne jamais à l'esprit d'entrer dans des studios de cinéma?
PS : de plus, j'ai appris en cherchant plus longuement sur Lellouche pour ce billet qu'il avait pris des positions publiques clairement homophobes...tout cela ne m'a pas rendu plus sympathique son film, vous imaginez bien...