Le singe de Hartlepool : une BD maligne comme un singe...
Le festival d'Angoulème qui s'est terminé la semaine dernière a consacré en premier lieu, à ma grande joie le tome 2 de Quai Orsay (dont je vous avais parlé avec le tome 1), mais a également offert une place de choix pour une autre BD que j'avais eu la chance de lire quelques jours avant le début du festival, grâce au Prix Cézam BD que j'ai commencé cette année.
Cette BD, le singe de Hartlepool est une oeuvre ambitieuse, entre la fable historique et la satire philosophique. Au manettes, le scénariste très connu dans le milieu, aidé du dessinateur Jérémie Moreau novice dans le milieu.
Les deux compères se sont emparé d’une simple anecdote, qui a forgé le folklore de la petite ville d’Hartlepool (au nord de l’Angleterre, sur la côte Est), mais quasi inconnue en France. Dans un petite village côtier d'Angleterre , au 19ième siècle , l'apparition d'un singe avive un vent de folie.
Les villageois ignares et rustres, décident alors de régler son sort à l'intrus qu'ils prennent pour un français , en pleine guerre anglo française.
Cette excellente bande dessinée est, sous couvert d'une légende (décryptée à la fin du livre), une pertinente et effrayante illustration des travers humains : obscurantisme , racisme, méchanceté, vulgarité , esclavagisme.
Les dessins , aux couleurs pastellisées et sombres , se prêtent parfaitement à cette cruelle fable.
Cependant, si j'ai trouvé cette légende particulièrement originale, j'aurais préféré, si je chipote un peu, un scénario plus étoffé, afin de m’attacher à des personnages, si ce n’est à ce malheureux chimpanzé. L’empathie ressentie pour la victime est évidemment immédiate.
On se prend d’affection pour ce chimpanzé arraché à sa terre africaine par un soldat en mal d’exotisme et maintenant torturé par des anglais bêtes et méchants
Malgré cette petite réserve, le coté tragi comique de cette fable fonctionne vraiment bien, et le projet sera suffisament original et ambitieux pour séduire le lecteur.
De plus, graphiquement, le trait nerveux de Moreau sonne juste et traduit bien les emportements incontrôlés de la populace, le tout sous un ciel gris délavé typiquement anglais.
Bref, une bien belle BD, et si vous ne la connaissez pas, n'hésitez pas à la découvrir!!!
Et si vous bloguez et que vous aimez la BD, allez faire un tour sur le site de prince minister qui lance une super opération BD dans le cadre du festival d' Angoulème