Nouvelle chronique musicale, une semaine après celle sur Alex Beaupain. Mais, en ce premier mardi matin de juin, j'aimerais vous parler d'un artiste moins médiatisé et qui a moins d'années d'experience derrière lui, mais qui pourrait, sur un tout autre créneau, faire également son trou..
Il s'agit de Vincha, qui a sorti le 29 avril dernier, un premier "vrai album" (il avait fait des maxis auparavant, comprenant d'ailleurs quelques morceaux de l'album en question) intitulé "Si si la famille" .
Vincha, c'est le pseudo d'un jeune titi parisien issu du rap, et qui a décidé de creuser son sillon entre le rap de sa jeunesse et la chanson française, un peu comme le faisait Chagrin d'Amour lorsque le rap est né en France, ce que j'ai vu dans l'ouvrage sociologique de Karim Nebbou dont je vous ai récemment parlé .
Il est amusant de constater que pas mal d'artistes reviennent actuellement un peu aux sources du rap en mélangeant chant et phrasé hi hop, mais si cela ne fonctionne pas toujours, et fait parfois un peu simplement opération marketing.
Quoiqu'il en soit, force est de constater que, dans le cas de Vincha, cela sonne totalement sincère et surtout toujours mélodieux.
Si Vincha chante depuis une bonne dizaine d'années, il n'a commencé à percer qu'en 2010, lorsque le producteur/arrangeur Tom Fire (La caravane passe, Winston Mac Annuf...) découvre ses morceaux et lui propose de lui réaliser un premier titre. "Demain promis j'arrête", qui sortira sur une compilation HipHop RnB 2010. Ce premier enregistrement va bientot le pousser à sortir ces maxis puis cet album, qui fut un de mes vrais coups de coeur musicaux du mois de mai.
Magnifié par des mélodies propres à la chanson française, les textes de Vincha font écho, comme il est marqué dans le dossier de presse, à" une génération désorientée mais volontaire, à la recherche d’un idéal compris entre l’épanouissement personnel et le partage des émotions". Un peu comme toutes les générations j'imagine, mais sans doute encore plus celle de l'artiste.
Ce premier album complet, Vincha l'a écrit et composé après 3 ans de tournée dans des cabarets sauvages et des voyages aux quatre coins du globe.
Je parlais en début de billet à Chagrin d'Amour, référence un peu datée et un peu ringarde, mais à vrai dire, lorsque j'ai écouté la première fois Vincha, j'ai beaucoup plus pensé à Ridan, qui, lui aussi, fait fort de mélanger rap et chanson française avec un vrai talent d'auteur compositeur. Les deux possèdent en commun un peu le même phrasé, le même flow, et des textes qui dressent un regard mi amusé mi lucide sur notre société actuelle.
Mais par rapport à Ridan, ses influences musicales sont sans doute plus variées, puisant notamment dans une ambiance de cabaret sauvage de bon aloi. Et la gent féminine y est encensée dans plusieurs de ses titres, est également un sujet qu’il affectionne tout particulièrement.
Témoin sa chanson les petits seins, composée il y a deux ans, et qui magnifie la femme, même celle à petite poitrine, trop souvent sousestimée. Un clip Les P’tits Seins qui cumule à plus de 250 000 vues sur le Net.
Mais outre les femmes, les chansons de Vincha sentent le bitume à plein nez, et surtout celui de paname, tant toutes l'artiste pourrait symboliser les quartiers les plus symboliques de la capitale, de Montmartre à Belleville en passant par Menilmontant.
Il faut dire que Vincha a tout du titi parigot que j'ai bien connu dans ma jeunesse et surtout mes années estudiantines : la gouaille, la casquette, l'humour, l'allure débonnaire. Un vrai gavroche quoi, mais avec deux Musiciens multi-instrumentistes, Victor Belin : multi-instrumentiste (Guitare, basse/contrebasse, cuivres, percussions, piano, chant, beat-box Theremin, machines) & Raphaël Aucler : multi-instrumentiste (Guitare, basse, batterie/percussions, machines, piano), sans oublier évidemment les samples.
Et en parlant Gavorche et Paris, écoutez un peu ce morceau une fois et je suis sur que, vous aussi, à mon instar, vous aurez dans la tête, et sans doute pour le restant de vos jours, ces trois strophes :
Paris c'est pas assez beau pour boire que de l'eau
Paris c'est trop dur sans une bonne biture
Parie que j'tiendrai jusqu'au premier métro
Bref, un album personnel qui aborde les thèmes récurrents qui ont fait son identité : outre une balade dans sa capitale qui lui est chère, une déclaration d’amour sans détour, ou encore le questionnement de la paternité, témoin ce beau morceau dédié à son fiston, intitulé tout simplement mon fils :
Et il paraitrait, pour ceux qui ont eu la chance de le voir en live, que, sur scène, Vincha ne se déplace jamais sans son Dj afin de réaliser un show burlesque et original qui ne laisse jamais personne indifférent.
Bref, une belle voix, bon flow, beaux textes, de belles mélodies et de beaux arrangements : Vincha a tout pour élargir son cercle d'afficionados au delà du cercle du hip hop et rassembler et les fans de chanson française ( comme moi) et les fans de rap. On prend les paris? Les Paris c'est pas assez beau pour boire que de l'eau...tiens voilà que ca me reprend, je vous avais dit que j'arrivais pas à m'en défaire :o)