IVAN TSAREVITCH ET LA PRINCESSE CHANGEANTE: le retour sur grand écran du magicien Michel Ocelot
Dans notre famille, on est passés longtemps à côté du génie de Michel Ocelot, et notamment de Kirikou dont la lenteur et la simplicité avait un peu rebuté mes enfants, hélas plus habitués aux animations plus traditionnelles des Studio Disney et consorts.
Cela dit, on s'est bien rattrapé depuis en découvrant et dévorant pratiquement toute l'oeuvre de celui qui est sans conteste l'un des meilleurs cinéastes d'animation français.
On ne connaissait pas en revanche forcément sa série d'animation pour enfants "Dragons et Princesses" qui avait été diffusé en 2010 sur Canal plus et dont 4 de ces contes sortent mercredi prochain au cinéma, pour le plus grand plaisir des cinéphiles qui considèrent à juste titre le génie créatif d'Ocelot se matérialise bien mieux sur grand écran que sur le petit.
Une fois de plus, Michel Ocelot nous régale graphiquement avec ce deuxième opus tout en ombres chinoises. Après « Les Contes de la Nuit » sorti en 2011, "Ivan Tsarevitch et la princesse changeante " est d'une belle prouesse, à la fois paraissant très simple et épuré, et en même temps flamboyant, d'une grande richesse et lyrique, offrant un univers féérique et merveilleux comme seul Ocelot a le secret..
Et au niveau du fond, le talent de conteur s’étale également de manière incontestable : Ivan Tsarevitch et la princesse changeante est un recueil de quatre merveilleux contes qui parleront forcément aux enfants- comme ils ont parlé aux miens et qui parvient avec une aisance déconcertante à allier modernité et ancienneté, à montrer que même des histoires vieilles de plusieurs siècles peuvent avoir des résonnances et pronent des valeurs de courage et de ruse qui sont encore largement en vigueur aujourd'hui
Le pitch est à la fois simple et ingénieux : tous les soirs, une fille, un garçon et un vieux projectionniste se retrouvent dans un cinéma qui semble abandonné, mais plein de merveilles. Les trois amis inventent, dessinent, se déguisent et s’imaginent les héros de contes merveilleux, qui nous ouvrent aux multiples beautés de cultures très différentes. Michel Ocelot possède en effet ce talent qui est loin d'être donné à tout le monde de réussir à donner vie à des histoires sublimes dans un écrin classique mais qui sort de l’ordinaire.
Ocelot n'a pas son pareil pour amener le spectateur- jeune et moins jeune dans des contrées aux origines lointaines, qu'elles soient russe -le dernier conte qui donne son titre au film fait directement référence à l'Oiseau de feu, tibétaine, européenne ou chinoise.
Et grâce à ce joli fil narrateur du projectionniste et des deux enfants un peu rebelles qui n'hésitent pas à reprendre le narrateur dans la conduite de son récit- une trame qui fait un peu penser à "Alors Raconte", ces contes, au départ peu semblables, possède des liens et des oripaux qui les rendent universels, à la fois intemporels et modernes, grâce au génie si sinuglier d'Ocelot.
Alors bien sur, on pourra tiquer sur le fait que Michel Ocelot semble un peu en panne d'inspiration puisque aucun long métrage inédit n'est sorti depuis plusieurs années, mais à part cela, il n'y a aucune raison de bouder son plaisir devant ce très beau retour sur grand écran du théâtre d'ombres du merveilleux Michel Ocelot.