"Lettres à Louise Colet" : quand des lettres mortes reprennent vie au Théâtre de Nesle
C'est en ce moment et jusqu'au 12 mars au Théâtre de Nesle, dans le sixième arrondissement de Paris : Flaubert : Lettres à Louise Colet, une pièce qu'on avait vu en AVIGNON l'an passée.
Une pièce adaptée et mise en scène par la comédienne et créatrice de la Compagnie du Pont-Levant, Marie-Stéphanie Sutter. Une interprétation remarquable qui plaira autant aux amoureux de littérature que de spectacle.
Pendant 1h10, la comédienne Marie-Stéphanie Sutter donne vie à quelques lettres issues de l'abondante correspondance entre Gustave Flaubert et sa première maîtresse et véritable amour de sa vie, la poétesse romantique Louise Colet, épouse du flûtiste Hippolyte Colet. Entre 1846 et 1860, les deux amants se sont échangés des centaines de lettres dont la plupart a été brûlé. Une période qui évoquera certainement quelque chose aux amoureux de l'auteur, car il s'agit des années pendant lesquelles l'Ermite de Croisset s'est donné corps et âme à l'écriture de son premier chef d'oeuvre : Madame Bovary - "sa deuxième maîtresse", ainsi que la surnomme avec ironie "la première."
Les lettres choisies et adaptées par la comédienne témoignent de la relation tumulteuse qu'entretenaient les deux amants.Tour à tour enflammées, tendres, passionnées, pleines de reproches, de soupçons, de jalousies, elles rendent compte des tourments de l'âme de deux êtres qui s'aiment et se déchirent depuis le jour de leur rencontre, en juin 1846, au salon du sculpteur Pradier. Elles portent également une valeur historique, se faisant véritables témoignages d'une époque lorsque l'auteur évoque Napoléon, la révolution de 1848, ou fait référence à la vie culturelle et littéraire ô combien foisonnante à laquelle ils prenaient tous deux part.
L'interprétation de Marie-Stéphanie Sutter qui a adapté, mis en scène et joué "le rôle-titre" de Louise Colet, est époustouflante : sa diction impeccable nous permet de ne pas perdre une miette de la beauté des mots échangés. Sa manière de vivre le texte est remarquable, comme si elle était dans la peau de ces deux amoureux des mots, ressentant leurs émotions les plus profondes, leurs sentiments les plus inavouables. Elle a réussi le pari de créér un "spectacle épistolaire", en transposant par le truchement de la mise à scène l'écrit au vivant. Ce format de "lecture jouée" pour le moins original, dans lequel les mots se fondent en paroles, le moindre signe de ponctuation se mue en intentions, m'a beaucoup plu.
J'ai trouvé très intéressant le fait que ce soit le personnage de Louise Colet qui récite les lettres écrites de la main de Gustave Flaubert à son intention : cela donnait l'impression qu'ils ne formaient qu'une seule et même personne, ce qui venait encore plus magnifier le texte.
Les passages de Madame Bovary attestent des similtudes entre les "deux maîtresses" de Gustave Flaubert. Celle qui était surnommée "La Muse" par de nombreux artistes (elle a également été la maîtresse d'Alfred de Musset, de Victor Cousin ou encore d'Alfred de Vigny) était avant tout celle de Flaubert, car elle a été pour lui la source d'inspiration d'une de ses plus importantes héroines de papier.
Les flaubertiens trouveront dans ce spectacle un merveilleux hommage à cette femme qui a eu une place si importante dans la vie de l'écrivain et à qui l'on doit quelques-unes des plus belles pages de notre littérature...
Vous l'aurez compris, ce spectacle est à voir avec vos yeux et vos oreilles... Grands ouverts !
Infos pratiques
Les vendredis à 19h et les dimanches à 15h, jusqu'au 12 mars 2017.
Théâtre de Nesle
8, rue de Nesle
75006 PARIS
Et on en profite de cet excellent billet pour mettre en avant l'arrivée d'une toute nouvelle collaboratrice/ rédactrice de notre blog, en la personne de "Born to be a livre " ( pas mal comme pseudo, non?), qui viendra régulièrement, on l'espère, nous parler spectacles, littérature, arts, et parfois aussi 7ème art de sa plume aussi enthousiaste que sensible..
Une touche féminine et parisienne pour une collaboration forcément fructueuse et pour aller encore plus sur tous les fronts de la culture et rendre Baz'art encore plus diversifié et curieux de tout qu'il ne l'était...
Bienvenue chère Born to be a livre et on te souhaite une fort belle aventure "baz'artienne"