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 Quatre ans après  un Michael Kohlhaas qui avait beaucoup plu aux cinéphiles, mais un peu moins à moi, Arnaud des Pallières nous est revenu cette année avec son nouvel opus, Orpheline, un film que j'ai trouvé pour le coup magnifique lors de sa projection à la Convention du pacte en tout début 2017.

Orpheline est le fruit d'un souhait du réalisateur Arnaud des Pallières de transposer au cinéma l'histoire personnelle de sa co-scénariste Christelle Berthevas.

La singularité du film- un peu comme le récent et si justement acclamé Moonlight - c'est de faire jouer le rôle de l’héroïne à des acteurs différents à différents âges de sa vie. « Portrait cubiste »  dont les deux Adèles, Adèle Haenel et Adèle Exarchopoulos,  sans doute deux actrices françaises les plus étincelantes et représentatives de leur génération.", Solène Rigot (17 filles) et la petite Vega Cuzytek complétant le tableau.

Lorsque j'ai vu Orpheline à cette occasion, j'étais persuadé que le film allait mettre tout le monde d'accord, tant il m'avait ébloui et sur la forme et sur le fond comme c'est rarement le cas.

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Or le film a été très loin de faire l'unanimité, soulevant même parfois quelques réactions très couroucées que l'on peut juger un peu disproportionné même si on peut admettre que le regard que porte le cinéaste peut décontenancer et même géner la sensibilité de certains spectateurs.

 Orpheline pourrait donner l'impression que l’héroïne est tributaire du regard des hommes et seulement d’eux, et pourtant,  tout l'intéret du récit de Des Pallières est de nous montrer comment cette héroïne va réussir petit à petit à s'émanciper de ce désir de ces hommes qui eux, prennent cher, tant tous- exception faite de celui joué par Jalil Lespert- apparaissent machos, immatures, et semblent réduit à leurs désirs un peu minables et leurs combats de coqs misérables.

 Le regard que porte le cinéaste sur son (ses) héroïne(s) en revanche évite totalement la complaisance et le jugement moral, et le travail du chef opérateur, vraiment admirable, ne fait que sublimer cette héroïne, malgré les épreuves terribles qu'elle peut traverser.

 On sent dans Orpheline ce désir absolu  du cinéaste de s'approcher au plus près de ce qu'est qu'une femme, qui tente de s'appropier  un monde  où le masculin règne malheureusement largement. et le film transpire par tous ces pores d'un respect pour la femme, et de son combat pour ce qu'elles sont réellement et non pas l'image qu'elle renvoie à la face des hommes. 

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Des Pallières réussit parfaitement à filmer cette quête d’amour qui passe par un désir sexuel assez insaisissable et  certes pas toujours confortable.

Arnaud des Pallières ne porte pas de jugement sur ce qu’il filme,  et garde toujours le cap de son personnage principal, une vraie héroïne filmé à travers des moments clés de sa vie.

Un point de vue qui varie d'une séquence à une autre car le personnage lui-même évolue, et d'ailleurs le long métrage raconte bien à quel point on peut changer au fil d'une vie, comment notre âme et nos désirs mue en fonction des années et des rencontres.

Aucun déterminisme dans ce beau portrait de femme aussi ambigu et complexe que possible, et à la construction formidable, une construction qui est bien plus qu'une simple coquetterie et un artifice, tant la partie finale et le beau dénouement rend bien grâce à ce beau personnage principal et sa quête de liberté.

Une oeuvre nettement au dessus de la mélée de la production courante, qui constitue assurément un des meilleurs de ce début d'année.