Découvert en ouverture du dernier Reflets du cinéma ibérique et latino américains, La Colère d’un homme patient a récolté 4 Goyas (les Oscars / Césars espagnols) début février, dont celui du meilleur film.
C'est d'autant plus épatant qu'il s'agit d'un premier film celui de acteur Raúl Arévalo, un des rôles principaux de La Isla Minima, et avec ce film de vengeance sans détour, il fait preuve de la belle vitalité du thrillerr espagnol .
Cependant, le film, en dépit de qualités formelles évidentes, nous a semblé quand même nettement moins fort que La Isla Minima, malgré une pluie d'excellente critiques qui lui sont tombés dessus depuis sa sortie mercredi dernier.
La colère d'un homme patient est incontestablement une oeuvre très stylisée, qui s'inscrit dans la pure tradition d’un cinéma rageux des années 70 - on pense parfois aux chiens de Paille de Peckinpah et cela a ses qualités et ses limites :
Le film fonctionne en effet comme une sorte de puzzle, avec une mise en place lente et progressive de l’intrigue dont on ne comprendra les tenants et les aboutissants qu'à la toute fin, et l' effet de surprise dans le dernier acte permet de redynamiser une narration qui s'essoufle quelque peu .
Même si l'écriture du personnage principal est assez ambigue, et que sa mission vengeresse accomplie ne lui donnera pas forcément le soulagement atendu on ne peut s'empecher de penser, malgré une mise en scène bien inspirée et des éclairs de violence parfaitement maitrisés, que ce revenge movie a des relents toujours un peu génants qui font quand même pas mal penser aux films que Charles Bronson a tournés dans les années 70, avec cette apologie de la légitime violence toujours retorse et malsaine, et même si contrairement aux films de Brson, la vengeance du film possède un côté plus cérébral que viscéral.
Raúl Arévalo réussit certes à aménager d’imposantes séquences de tension ( avec une scène dans un club de boxe particulièrement percutante à mi film ) , mais ce portrait d'un homme brisé, psychologiquement physiquement, qui n’a plus que sa vengeance pour le garder en vie, laisse un gout un peu amer en bouche.
ON se dit que malgré un joli habillage et un coté western clairement assumé dans sa dernière partie, on reste finalement sur une histoire somme toute classique d’une vengeance personnelle, dont le cinéma nous abreuve régulièrement des films de Tarantino à Tchao pantin..
Il n'empeche que les acteurs sont très bons: le duo d'hommes Antonio de la Torre, impressionnant bloc de granit et aussi Luis Callejo dans un rôle assez étonnant, mais surtout la formidable Ruth Día en femme partagée entre deux hommes à la dérive ..