Baz'art  : Des films, des livres...
24 mai 2017

Des fantômes (d'Ismaël ) qui me sont bien mal revenus

 

 Cette année je trouvais déjà  sur le papier que contrairement aux années précédentes,  les films de Cannes sortant simultanément en salles n'étaient pas très nombreux et ne payaient pas énormément de mine sur le papier, à part le tres excitant "Ament double" de François Ozon qui sort vendredi en salles et sur lequel je compte beaucoup ..

En effet, alors que le Rodin de Doilon- qui sort ce mercredi 24 mai en même  temps que sa projection cannoise, l'austérité que l'on devine dans la bande annonce ou dans les intentions de l'auteur semblent rédhibitoires,  "Les fantômes d'Ismael"  sur les écrans simultanément à  sa présentation en ouverture du festival mercredi dernier m'aura bien laissé de glace  :

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Après son dernier long métrage qui avait été en sélection à la Quinzaine des réalisateurs en 2015 les sublimes Trois souvenirs de ma jeunesse, Arnaud Desplechin aurait pu  mettre tous les festivaliers d'accord avec ce film qui se voulait aussi ample que romanesque or finalement il n'a convaincu que les fans les plus irréductibles de son cinéma.

Pour ma part, Les fantômes d'Ismaël est pour moi une grosse déception et me confirme que son précédent était l'exception qui confirme la rèlge selon laquelle le cinéma de Desplechin,  trop prétentieux, trop théatralisé,  trop abscons, m'ennuie finalement assez profondément  sans fond.

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On a l'impression que Desplechin fait expres de rendre son intrigue et la construction de son récit peu accessible pour le noyer de références à ses oeuvres précédentes afin de ne le réserver qu' à ses fans et le rendre hermétique aux autres.

Le point de départ de l'intrigue - et la bande annonce- ne manquaient pas  pourtant d'attrait et d'intérêt, mais le traitement est tellement complexe et artificiel qu'il s'avère bien difficile d'y rentrer dedans.  

Certes le film comporte deux / trois scènes vraiment très belles ( notamment une scène à la fin dans un hôpital de retrouvailles entre un père mourrant et sa fille) , qui montrent que Desplechin sait toujours utiliser sa caméra mais celles-ci sont souvent sabordées pour d'autres juste après souvent grotesques qui enlève le crédit du film.

Les Fantômes d'Ismaël

Les fantômes d'Ismaël est construit comme un  puzzle, procédé toujours excitant pour le spectateur appelé à recoller les morceaux avec des indices parsemées ici et là,   mais on se rendra vite compte qu'on n'est pas chez Innaritu ( celui de Babel ou Amours Chiennes) et que toutes les pièces ne se rassembleront pas à la fin; le dénouement laissant plus de questions en suspens qu'il n'apporte de réponses.

Le problème de cette construction, outre sa frustration finale,  est que l'articulation entre les séquences diverses ne se font jamais vraiment, surtout entre le tournage du film et le triangle amoureux.

Plus globalement, il manque  terriblement d'incarnation et de chair pour croire à ces personnages qui débitent des dialogues trop littéraires et verbeux pour être crédibles, d'autant plus que le jeu des comédiens est volontairement poussé à l'outrance, certainement afin d'éviter un naturalisme que Desplechin a toujours cherché à combattre, mais qui ici n'aurait pas fait de mal sur certaines situations.

 A cette histoire central d'un amour de jeunesse disparu il y a 20 ans qui revient dans la vie du réalisateur, se mêle la construction d'un film d'espionnage sur lequel travaille le personnage principal et faisant appel à l'univers développé dans plusieurs films par le réalisateur, dont son très beau Trois souvenirs de ma jeunesse.

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L'accumulation de points de vues prôné par Desplechin alourdit  considérablement le récit, à l’image de ces séquences qui se déroulent  à Roubaix  (j'y suis dès demain mais on ne peut pas dire que c'est le film de Desplechin qui m'ait donné envie de m'y rendre) ville dans laquelle se cristallise la perte de repères d’Ismaël, et qui contribue fortement à rendre l'ensemble particulièrement bancal et brouillon.

Quant aux acteurs, surtout l'alter égo du cinéaste Mathieu Amalric, ils ne sont pas très convaincants non plus, en font souvent trop et gâchent aussi des scènes qui jouées et filmées autrement aurait pu bouleverser. Il faut dire que les dialogues et les réactions incongrues que Desplechin leur fait jouer n'arrangent rien à leurs affaires.

Une narration confuse, des dialogues souvent ampoulés et une impression d'ensemble de vacuité font de cette cuvée Desplechin une déception évidente : espèrons  simplement que toute la programmation du Festival de Cannes 2017 ne soit pas à la hauteur de son film d'ouverture, sinon l'année cinématographique risquerait d'en patir lourdement..  

 

Commentaires
M
Coucou! J'ai vu ce film hier soir et il ne m'a pas emballée non plus... C'était mon 1er film de Desplechin, il faudrait que j'essaie de voir "Trois souvenirs de ma jeunesse" pour ne pas rester là-dessus.
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