Rentrée littéraire 2017 /Par le vent pleuré : Ron Rash nous livre -encore- un grand roman américain
Focus en ce vendredi lecture de septembre sur un auteur anglo saxon discret qui vient de sortir un nouveau grand roman en cette rentrée littéraire.
Cet auteur, c'est Ron Rash, que j'ai eu le plaisir de rencontrer il ya quelques années grâce au Festival Quais du Polar pour un long master class dans le beau théâtre des Célestins, à l'occasion de la parution de "Incandescences", un recueil de douze nouvelles de ce recueil qui nous parlait , comme tous les écrits de l'auteur, de désespoir rural, de tranches de vie oblitérées par la misère, le manque d'éducation, la drogue
L'auteur du Monde à l'endroit (cf ma critique), et Une terre d'ombre (Seuil, 2014) revient cette année avec "par le vent pleuré dans lequel comme dans tous ses romans, ses personnages sont tous façonnés par la nature qui les ont naître et grandir mais également par le passé qui peut ressurgir à tout instant. Michel, qui a beaucoup apprécié "Par le vent pleuré" , nous explique tout celà ci dessous :
« Á San Francisco, le Summer of Love, l’été de l’amour, a eu lieu en 1967, mais il a fallu deux ans pour qu’il atteigne le petit monde provincial des Appalaches. Sur l’autoroute en février, on a aperçu un hippie au volant d’un minibus bariolé, un évènement dument signalé dans le Sylva Herald. Sinon, la contre-culture était quelque chose qu’on ne voyait qu’à la télévision, tout aussi exotique qu’un pingouin ou un palmier nain. »
Deux frères élevés sous le joug d’un grand-père médecin qui règne en tyran sur une petite ville de Caroline du Nord. Deux frères aux destins différents, l’un devient un chirurgien virtuose, l’autre un écrivain raté. Des ossements humains retrouvés près de la rivière de leur enfance, un cadavre vieux de cinquante ans remet Bill et Eugene face à face.
Ils vont devoir se souvenir de cet été 69 où une belle sirène bouleversa leur vie. Bill l’ainé parfait, le fils rêvé et Eugene le poète romantique, mais est-cela est finalement si simple ?
Réécrire l’histoire pour découvrir la vérité, deux frères comme deux Amériques, à la fois si éloignées et pourtant si proches, qui vont devoir affronter un passé rouge sang.
"Nos salaires étaient équivalents à ceux que nous aurions touchés pour des emplois plus pénibles si nous avions bossé dans une équipe municipale d’entretien des espaces verts ou à la scierie locale. Que Grand-père nous ait engagés, Bill et moi, semblait une façon de réaffirmer ce qu’il avait déclaré à notre mère quand l’accident de chasse l’avait laissée veuve – qu’il prendrait soin d’elle et de nous deux. Grand-père était propriétaire de la maison où nous vivions, qu’il nous autorisait à habiter sans acquitter de loyer, toutes taxes et charges payées. Nos études supérieures, appareils dentaires, vêtements, et autres besoins quels qu’ils soient, seraient financés."
Quelle efficacité diabolique, ce pourrait être un polar, c’est déjà un pamphlet historique, ce pourrait –être un drame psychologique et c’est un thriller. Ron Rash écrivain de l’Amérique profonde décrit un moment charnière de l’histoire de son pays. Sexe, drogue et Flower Power chez les ploucs.
À l’ombre de Steinbeck et Dostoïevski, Ron Rash observe Bill et Eugene s’affronter entre crime et châtiment à l’est d’Eden. Encore un grand roman américain.