Baz'art  : Des films, des livres...
7 mars 2018

Le cinéma italien engagé en pleine forme : Revue de trois films au cinéma en mars

 

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Je ne sais s'il faut voir un lien de cause à effet, mais le même mois où ont lieu les législatives en Italie, le cinéma transalpin arrive en force sur nos écrans, témoignant de la vitalité de ce cinéma venu de l'autre coté des Alpes.

Cela fait des années que le cinéma italien est considéré par certains cinéphiles et notamment la presse spécialisée,  comme étant en état de mort clinique, et pourtant rarement  le  cinéma italien d'aujourd'hui ne se sera aussi bien porté que ces dernières années. 

En effet, il ne se passe pas  quelques semaines  sans qu’apparaisse sur nos écrans ou dans les festivals internationaux  une nouvelle jeune pousse , pleine de promesses de ce cinéma italien.

  Entre chronique sociale, satire  politique et film  militant , trois films qui sortent au cinéma en ce mois de mars, dont deux sont dès aujourd'hui en salles témoignent de ce cinéma italien fort et engagé!

1. IL FIGLIO MANUEL, Dario Albertini ; 7 mars

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   « Il figlio, Manuel », est le premier long métrage de fiction de Dario Albertini, un photographe qui a ensuite fait ses armes dans le documentaire et d'ailleurs, il a ses origines  dans un documentaire  qu'il avait lui meme tourné dans un authentique foyer, « la repubblica dei ragazzi ». Il y a rencontré le « vrai » Manuel,

Multi récompensé lors duFestival du cinéma méditerranéen de Montpellier 2017, le film suit à la trace  Manuel, 18 ans, sort d’un centre éducatif à Rome pour se porter garant de sa mère, qui attend une liberté conditionnelle.

Passionnant personnage que ce  jeune adulescent,  balloté au gré de ses rencontres,qui cherche à vivre  pleinement  sa liberté mais qui va se rendre compte à quel point le moindre faux pas peut faire capoter ses rêves les plus simples.

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Le réalisateur  pose un regard  particulièrement bienveillant sur son héros,  sans jamais porter le moindre jugement et on suit avec un vrai plaisir  le parcours de ce grand  jeune homme, qui doit endosser des responsabilités d’adulte. sans doute trop large pour lui .

A cet égard Andrea Lattanzi, l’interprète de Manuel.épate par sa prestation et sa force magnétique qui imprime totalement l'écran.

Une oeuvre captivante et profonde qui emprunte pas mal au néoréalisme italien,  des années 60, de Risi à De Sicca mais avec aussi une pointe de cinéma social plus contemporain Dardenne et celui de Ken Loach.

 

 2. L'ordre des choses, Andréa Segré ; 7 mars

ordreLe cinéaste Andrea Segre,   ancien documentariste, dont Le magnifique  premier film de fiction,  La petite venise raconte l'amitié inattendue d'une immigrée chinoise et d'un pêcheur du coin a toujours été passionné par l'histoire des migrants et la façon dont l'Italie, et ici plus généralement l'Union Européene gère le problème.

A l'heure  où le débat  des législatives italiennes a été largement dominé par la question des migrants l'Ordre des choses sonde le dilemme moral posé aux Européens. Le film s'interesse  à travers une fiction aux  accords entre la Lybie et l'Italie,  son ancienne puissance coloniale pour endiguer les flux migratoires  à travers la mission dévolue à  Rinaldi, un haut commissaire italien, envoyé en Libye afin de négocier le maintien des migrants sur le sol africain.

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Après la chute de Kadhafi en 2011, les Italiens peinent à trouver des interlocuteurs dans le chaos libyen si on ne sasait pas  forcément tout saisi des subtilités  des antagonismes entre les  différentes milices libyennes,   la description de la gestion du flux des migrants fait froid dans le dos et le long métrage, aussi documenté que précis s'avère être une oeuvre aussi salutaire qu'efficace. d'autant plus qu''à cette rigueur documentaire du sujet, le cinéaste ose mettre un peu de fiction avec ses touches familiales et surtout avec une histoire de jeune somalienne qui arrache  au personnage principal une prise de conscience qui fait le sel des belles tragédies

Très subtilement incarné par Paolo Pierobon,ce Corrado d'abord froid et sans homme nous touche au fur et à mesure que sa carapace se brise..

Abordant  un délicat sujet mélangeant habilement  lutte de pouvoirs et dilemnes moraux, L’ordre des choses est un film politique mordant,  percutant et prenant.

  3. , "Après la guerre",d’Annarita Zambrano ; 21 mars

 

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Présenté dans la sélection officielle Un certain regard, ce  film d’Annarita Zambrano cinéaste italienne qui a fait la FEMIS s'interesse comme peu de films avant lui ( La seconda volta avec Nanni Moretti en 1996 par exemple) au terrorisme des années de plomb en Italie et surtout de l'après terrorisme avec la doctrine Mitterrand qui leur promettait de ne pas être extradés malgré leur condamnation.

 Après la guerre" se focalise sur ceux  qui se sont installés en France au début des années 1980 et y ont refait leur vie . On suit plus particulièrement  Marco ( l'imposant Guissepe Batiston déjà présent dans L'ordre des choses). En 2002, l’assassinat à Bologne d’un juge (l’histoire est inspirée de faits réels), le remet sur le devant de la scène car le meurtre est revendiqué par un groupe portant le même nom que celui de Marco vingt ans plus tôt. Le gouvernement italien demande son extradition, l’homme décide de prendre la fuite avec sa fille de 16 ans, Viola.

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   Après la Guerre traite des conséquences de cet  ancien activiste italien du milieu des années 80 qui doit faire face à son passé, le jour où un meurtre politique en Italie fait resurgir les vieux démons d’une famille brisée par le meurtre d’un juge.

A cheval entre l’Italie et la France, Annarita Zambrano explore l’histoire de son pays  notamment à travers les nouvelles générations- beau personnage de la jeune adolescente qui vit malgré elle avec le lourd passé de son père, victimes collatérales d’une guerre qui et qui a dû payer pour les fautes des autres à travers trente ans de souffrances, de familles brisées et d’absence de réponses

Un puissant drame politique et familial, traité avec l’intelligence, la finesse qui fait penser à de grands films politiques sur un sujet proche comme  " I COMME ICARE "de Henry Verneuil ou" Z "de Costa-Gavras.

Après la guerre ouvre la réflexion, et répond parfaitement à l'époque actuelle qui voit un terrorisme fondamentaliste d'une nouvelle forme en cause l’accueil en terre d’asile. Une oeuvre qui pousse au débat et dont la vision ne laisse pas indemne.

 

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