Critique Cinéma/ VERSUS: un film organique et étonnant
On en avait parlé il y a un mois, lors de notre interview avec son réalisateur François VALLA :le film "Versus", qui sort en salles dans moins d'un mois, pourrait bien par ses déflagradations, envoyer par dessus bord toutes les conventions du cinéma français traditionnel.
Ce premier long métrage de François Valla, réalisateur venu des Beaux Arts et remarqué avec plusieurs courts métrages, est une oeuvre sensorielle assez épatante, mélange de teen movie à la Harmony Korine ( on pense pas mal à un Spring Breakers français) et de série B horrifique à la John Carpenter.
Long métrage organique et intense, le film de François Valla prend un virage étonnant dans le cinéma de genre dans sa dernière partie, et le geste est assez radical pour un film français pour être souligné ...
Versus nous plonge dans les traces d'Achille, un bel adolescent parisien issu d’une famille aisée, victime d’une agression violente dans un bus parisien.
Envoyé en vacances en bord de mer pour tenter se reconstruire, il va rencontrer Brian, un jeune homme mystérieux, animé d'une rage intense..Leur confrontation fera des étincelles, mais qui en sortira vainqueur? Là réside l'enjeu du film...
La peinture de la jeunesse que François Valla dresse, à travers son premier long métrage, est largement plus sensorielle et organique que psychologique, et s’appuie en priorité sur les corps pour exprimer les sentiments et bouillonnement intérieur qui anime les personnages.
A ce titre, le dispositif de la toute première séquence (l'agression dans le bus), filmée en grande partie à travers les caméras de surveillance, raconte d'emblée comment Versus va progressivement immerger les personnages vers une animalité de plus en plus radicale.
Le formaliste clairement assumé de François Valla parvient à rendre le décor, a priori féérique du Cap Ferret, sombre et anxiogène . A ce titre, le travail du directeur de la photographie, Tristan Tortuyaux, rendant les scènes nocturnes d'une grande beauté, est grandement à saluer.
La musique de Benoit Villeneuve et Benjamin Morando tient une part importante du dispositif cinématographique du film , accompagnant parfaitement la descente aux enfers de ces jeunes à la dérive .
Certes, Versus, qui a été exceptionnellement réalisé sans l’aide d’aucun « guichet » classique (ni le CNC, ni une collectivité, ni aucun diffuseur n’a financé le film), souffre sans doute de moyens trop contraints pour que le résultat soit totalement à la hauteur de la folle ambition de François Valla, si on le compare notamment à "Revenge" ou "Grave", d'autres premier films français récents qui marchaient sur les rives du cinéma de genre, et qui bénéficiait de moyens plus larges.
Mais l'ensemble reste d'une telle belle facture et dans son ambition et dans son geste que le bilan d'ensemble est largement positif.
Gageons que le film, emmené par un fort désir de cinéma, saura séduire les spectateurs qui l'auront vu et servira de belle carte de visite aux futurs projets de François Valla.
VERSUS /AU CINÉMA LE 8 MAI 2019/France - Drame - 2019 - 80 min