Baz'art  : Des films, des livres...
20 mai 2019

Assises Internationales du Roman 2019 : focus sur 6 romans des auteurs invités

 

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C'est parti : à partir de ce soir, et pour toute la semaine ,  les Assises Internationales du roman reviennent à Lyon pour leur 13ème édition aux Subsistances, organisées par la Villa Gillet.

Jusqu'au 26 mai, ce sont plus  de 50 écrivains de 20 nationalités différentes sont présents pour explorer les grandes thématiques des romans modernes. 

Parmi ces 50 auteurs invités, et alors qu'on a prévu d'assister à quelques une de ces rencontres, on a déjà tenu à ressortir 5 livres des auteurs présents  ( romans ou essais) , qui nous amènent souvent loin, (des plaines de l'Arizona à L'islande en passant par le Bruxelles artistique) et qui nous ont particulièrement marqués : 

1/ Le Grand Nord Ouest, Anne Marie Garat, (Actes sud 2018)

 

grandouest"Quelle mise en garde aurait-elle entamé sa détermination, elle qui venait de si loin chercher ce dont sa vie dépendait, que n’ont fait reculer les torrents, le blizzard, la neige, les ours ou les loups, ni les hommes, de loin les plus cruels animaux."

 Romancière confirmée, lauréate de plusieurs prix pour Aden en 1992, la bordelaise Anne Marie Garat s'est lancé avec son dernier roman, paru en octobre 2018 dans un  étonnant et captivant voyage iniatique  qui nous amène direction l'Alaska, le grand nord ouest comme le titre de son roman l'indique.

Récit d'un voyage un peu fou, une fuite  impromptue d'une mère Lorna del Rio  et de sa fille  qui ne dévoilera ses secrets qu'au fil d'un récit riche et tortueux, la romancière nous amène sur les anciens territoires de tribus indiennes où les us et coutumes perdurent longtemps.


On pense un peu au très beau film  Wind River, de Tylor Shéridan dans cette peinture du nord ouest indien, et à thelma et louise pour le coté road movie féministe  aux allures de polar  ( le récit est raconté par un agent du FBI sur les traces des fuyardes) .


Un voyage qui va profondément changer à jamais nos deux héroïnes ..

Une intrigue prenante et un récit d'apprentissage touchant, c'est un roman deux en uns que nous offre l'expérimentée Mme Garat...

 Vendredi 24 mai; 15h : Rencontre Avec Anne-Marie Garat/  Médiathèque Loire Forez - Montbrison

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2/Née contente à oraibi ; Bérengère Cournut ( éditions le Tripode 2017 )

"Dans les semaines qui ont suivi, j'ai cessé de pisser sur les gens, et ficelée sur mon berceau de roseaux comme le sont tous les nourrissons, moi plus encore que les autres à cause de mes jambes mal formées, j'ai ri avant que de pouvoir danser. Voilà pourquoi je suis restée Tayatitaawa."

Tayatitaawa, ( celle qui salue le soleil en riant) est une jeune indienne hopi, qui appartient au clan des papillons, sur un plateau d'Arizona.

"Née contente à Oraibi " est d'abord un beau récit ethnographique qui nous initie aux us et coutumes d'un peuple, les Hopi qu'on connait tres mal,

UNe tribu qui vit en lien étroit avec la terre et les animaux, imprégnées de spirtitisme et de croyances en tous genres, très éloignée de nos cultures européennes

Mais , "Née contente à Oraibi  "est un aussi une chronique sur le deuil et la résilience.

Bérangère Cornut,   lors d’un voyage aux Etats-Unis a découvert les Hopis, une tribu indienne d’Arizona., et elle restée plusieurs mois sur cette terre des Hopis.

Ce séjour  imprègne fortement sa fiction d'un tissu documentaire prégnant, et on en apprend énormément des rites , nous questionnant sur nos modes de vies actuelles à travers une belle description  des paysages arides de l’Arizona des Pueblos  et une narration aussi poétique qu'envoutante.

 Carte blanche à Bérengère Cournut/  Le jeudi 23 mai de 15h00 à 16h30 - bibliothèque du 5e Point du Jour

3/ La loi de la mer, Davide Enia ( Albin Michel 2018 )

9782226398864-j

"Eux nous diront le prix exact d’une vie sous ces latitudes. Ils feront le récit, pour nous et pour eux-mêmes, des prisons libyennes et des coups reçus à toute heure du jour et de la nuit, de la mer aperçue soudain, après des jours et des jours de marche forcée, du silence qui tombe quand le sirocco se lève et qu’on est cinq cents sur un bateau de pêche de vingt mètres où l’eau monte peu à peu depuis des heures. C’est eux qui auront les mots pour décrire ce que veut aborder sur la terre ferme après avoir échappé à la guerre et à la misère, pour suivre leur rêve d’une vie meilleure. "

Déjà auteur d'une sublime fiction " sur cette terre comme au ciel" en 2016, David Enia, romancier italien particulièrement prometteur, tente et réussit largement  la voie du récit avec cette loi de la mer qui nous plonge dans la situation des migrants arrivant sur l'ile de Lampedusa, petite île italienne située au dessus de l'Afrique, où les migrants débarquent toute l'année.

Enia part à la rencontre des insulaires qui côtoient les migrants , bénévoles, pécheurs, médecins et qui libère la parole de ces témoins impuissants...

En parallèle, l'auteur évoque des souvenirs personnels, sa relation difficile avec son père, la maladie de son oncle..

Loin du documentaire, La Loi de la mer est au contraire un récit très personnel et littéraire. 
La Loi de la mer gifle, secoue, captive, bouleverse à la fois par le destin de ces personnes qui se jettent à l’eau pour souvent ne plus jamais toucher terre et par ces mains qu’on leur tend.

Un récit à multiples facettes et une formidable leçon de vie à lire absolument !!

Rencontre avec Davide Enia/mercredi 22 mai 2019 de 11h00à 12h30 Médiathèque du Rize

4/   Les nouveaux  dissidents 

 

dissidents2Rédacteur en chef de pshilophie magazine, Michel Eltachinonff part à la rencontre de ces personnes courageuses qui défendent une cause qui leur est chère dans des pays où les droits sont généralement bafoués.

Ces nouveaux dissidents, peu évoqués dans les médias traditionnels occidentaux se trouvent en Biélorussie, Iran, Chine...tous ces révolutionnaires pacifiques ont eu un bonne raison de défendre leurs droits ...

Les uns se sont frottés à la lutte politique, parfois , au contraire ces dissidents ont une longue expérience de la confrontation avec le pouvoir.

.La situation de Reihane Taravati, qui a tourné un flash mob en Iran contrevenant à certaines lois coraniques comme l'interdiction du maquillage,  est particulièrement édifiant..

Bref, ces jeunes dissidents veulent simplement vivre comme tout le monde, danser, se maquiller, rire et nous montre que même au 21è siècle les libertés et droits de tout un chacun ne sont pas acquis.. un essai aussi salutaire que pasionnant !!

 

MICHEL ELTCHANINOFF LES NOUVEAUX DISSIDENTS Stock, 255 pp., 19 €.

 Lundi 20 mai;  rencontre 19h : Le courage de la dissidence
Avec Alaa El Aswany et Michel Eltchaninoff

 

5/ Le monde à portée de mains, Maylis de Kerangal ( Verticales, 2018)

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"L'idée que le trompe-l'oeil est bien autre chose qu'un exercice technique, bien autre chose qu'une simple expérience optique, c'est une aventure sensible qui vient agiter la pensée, interroger la nature de l'illusion, et peut-être même - c'est le credo de l'école - l'essence de la peinture."

Après le succès énorme de "Réparer les vivants", la nouvelle fiction de Maylis de Kerangal était attendue au tournant, et nous a quelque peu déçu, malgré quelques qualités évidentes.

Un monde à portée de mains, sorti à la dernière rentrée de septembre, est un roman d'apprentissage qui nous plonge dans l'univers des peintres spécialistes de trompe l'oeil.

A travers la destinée d'une jeune artiste, Paula Kent, de sa formation dans une école réputée de Bruxelles où elle apprendra la maïtrise de différentes techniques ( marbres, bois, pochoir) à sa pratique , au gré des différents chantiers à travers le monde qu'elle visite, l'auteur nous dit sur ce métier assez étonnant..

Ce roman est très documenté, très technique, avec un vocabulaire riche et complexe, qui permet de décrire largement une matière poétisée et sensuelle évidente.

Le livre est une sulbime ode à l'art du trompe-l'oeil : même si l'on suit le parcours de trois étudiants dans cette spécialité,  c'est l'histoire  de leur art. qui intéresse vraiment la romancière plus qu'eux même. 
Dommage que le récit soit trop froid, trop clinique, pas assez empathique et lyrique pour emporter totalement l'adhésion et transcender cette richesse documentaire qui fait le sel de ce roman , mais néanmoins bien  en dessous de réparer les vivants.

Mardi 21 mai  21 h  / Dans les coulisses de la création Les subsistances  /Avec Connie Palmen, Maylis de Kerangal et Rodrigo Fresán

6/  Asta Jón Kalman Stefánsson, ( Grasset 2018)

asta

"N’est ce pas la plus agréable sensation au monde ? Avoir hâte. Surtout lorsqu’il s’agit de retrouver une personne qui vous est chère. Alors, on se sent vivant. On est vivant. Puis il se passe quelque chose."

A baz'art on aime beaucoup l'univers de  Jón Kalman Stefánsson aussi intime que  lyrique et dense.

C'est encore plus le cas dans son dernier roman,  le magnifique Asta qui  raconte deux vies « ordinaires » dans le sens où les personnages principaux ne sont pas des héros ayant marqué l’histoire ou ayant accompli des choses qui l’aurait changée mais grâce au talent de Jón Kalman Stefánsson et de son formidable traducteur Eric Boury, elles deviennent extraordinaires. Leurs vies sont à la fois semblables aux nôtres et à la fois mille fois plus romanesques et cette dichotomie infuse tout le roman.

Le bien et le mal, le sexe et la mort, le désir et l’amour, la raison et la folie.

On est épatés par son style, par sa plume (oui toujours et encore), par sa façon de construire son intrigue. Rien n’est linéaire, on saute d’un personnage à l’autre, d’une époque à une autre, d’un lieu à un autre comme si une tornade nous emportait. Au départ, on se sent sans doute un peu déséquilibrée, inconfortable (face à une tornade c’est peut être normal) et puis cela  nous a totalement  grisé.

Sentiments, sensations, impressions : de la vie intérieure au monde qui nous entoure Lun. 20 mai de 21 h à 22 h 30

Les Subsistances - Avec Jón Kalman Stefánsson, Philippe Forest et Sylvie Germain

Assises Internationales du Roman - Du 20 au 26 mai 2019 - Villa Gillet, Lyon

 Voir le programme complet de la manifestation

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