Baz'art  : Des films, des livres...
17 juin 2019

ANNECY 2019 : L’EXTRAORDINAIRE VOYAGE DE MARONA : Anca Damian

 Le Festival du film d'animation s'est terminé samedi soir, il est donc logique qu'on cloture cette semaine de présentation des films en compétition à Annecy  commencée il y a tout juste une semaine (mais on en a encore sans doute un ou deux à vous chroniquer prochainement , ainsi que quelques interviews  de réalisateurs à vous retranscrire ) avec  nos deux films coups de coeur du festival, on commence par un film oublié du palmarès mais qui nous a totalement emballé  : 

 

Synopsis : Marona est une jeune chienne qui, après avoir été percutée par une voiture décide de se repasser le film de sa vie, allongée là, sur le bitume, sous les cris de sa maitresse...

  L’animation est un médium sans limite qui se replie pourtant assez souvent sur certains codes et modes de narration, certaines grammaires visuelles plus ou moins classiques héritées du cinéma en prise de vue réelles.

Parfois cependant, un artiste, un auteur, tel que Satoshi Kon, Jérémie Clapin, ou Marcell Jankovics viennent nous rappeler que l’animation est aussi un champ des possibles.

Il y a donc ces auteurs, qui viennent repenser le montage, le cadrage et les formes, puis il y a Anca Damian qui collabore avec Brecht Evens, Gina Thorstensen et Sarah Mazzetti et là, tout éclate.

Les techniques se mèlent, il n’y a plus de limites, l’essentiel est le langage visuel et la transmission d’une histoire et d’une émotion.

L’animation vient complètement servir la narration, cette histoire n’aurait pu être racontée autrement sans devenir inconsistante, vide de sens.

 

Extraordinaire_Voyage_de_Marona_02

Chaque maître à son propre univers visuel. A la fois différent et cohérent. Le corps de Manole, porté par la voix de Bruno Salomone, rempli l’espace, tourne et retourne, s’étire et se déforme infiniment. Et parce que ce n’est pas assez, les rayures de son costume ont elles aussi leur propre vie. La poésie visuelle de ce mouvement, magnifiquement animé, est bluffante et vient servir le caractérisation du personnage.

Istvan a lui aussi son univers propre. Il est l’adolescence de Marona, il arrive après sa première désillusion, sa première résignation.

Face aux courbes de l’enfance qu’incarnait Manole, il est la ligne droite, la règle, la géométrie. Il est aussi la dureté du monde des adultes, la lâcheté. Istvan est aussi le passage à l’âge adulte de Marona, car il ne la laisse pas sans arme une fois qu’elle est de retour dans le monde.

 

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C’est résignée que Marona rencontre une enfant, Solange. Sans illusion, elle profite d’un petit moment de bonheur sachant qu’il s’arrêtera sans doute aussi vite qu’il a commencé, en raison de l’inconsistance des enfants et de la haine d’un superbe personnage de grand-père.

Mais Marona reste et devient même réellement Marona. C’est Solange qui l’a nomme (après une petite répartie du chien sur les hommes qui donnent plus facilement des noms que de l’affection). Marona cède donc son nom de 9, celui que sa mère lui avait donné, celui d’Anna que Manole lui avait donné et celui de Sarah, que Istvan lui avait donné.

Dans cette nouvelle famille, entre un chat dessiné au crayon de couleur, une Solange qui grandit et qui s’éloigne et une mère courage à la chevelure surréaliste, Marona a enfin trouvé sa place. Même si ses précédents maîtres ont toujours une place privilégiée dans son coeur.

Marona

 Marona, sous ses airs de ne pas y toucher est un film profond, un voyage initiatique, un film d’animation d’apprentissage. A travers la vie de chien, le film questionne les fonctionnements humains, tant avec leurs animaux qu’entre eux. Chaque maitre est dévoré par une ambition, un mal de la société.

Surtout, le film se concentre sur le manque d’empathie, l’abandon si facile d’un être qui n’est qu’amour et dévotion. Ainsi, si la loyauté est une maladie de chien non transmissible à l’homme, Marona vient réfléchir sur ce manque d’amour et de mise à la place de l’autre qui caractérise la société capitaliste et individualiste contemoraine.

 

 

L’EXTRAORDINAIRE VOYAGE DE MARONA

 De Anca Damian

Avec les voix de : Lizzie Brocheré (Marona), Bruno Salomone (Manole), Thierry Hancisse (Istvan), Shirielle Mai-Yvart (Solange), Maïra Schmitt (Solange)... 

Date de sortie 8 janvier 2020

Durée : 1h 32 - 92 min

 Note 4.5/5

A suivre notre interview prochaine avec la réalisatrice Anca Damian

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