Baz'art  : Des films, des livres...
13 août 2019

Rentrée littéraire 2019 : Orléans, le frappant "récit d'humiliation" de Yann Moix !

 

orleans

"Me levant en ruisselant au milieu de la nuit, contaminé par l'effroi qui régnait perpetuellement entre nos murs, je réveillai un de ces deux parents. Une enfilade de coups s'ensuivait alors et tout le monde trouvait alors le sommeil."

 ON savait déjà que Yann Moix, qui a récemment défrayé la chronique pour ses propos limites sur les femmes de 50 ans avait connu une enfance particulièrement malheureuse sous le joug de parents tortionnaires, il l'avait déjà révélé en interview (ou dans une passionnante enquête de l'Express parue l'an passé) ou dans ses romans, mais par le biais de style outrancier comme dans l'indigeste "Naissance" ( pourtant auréolé d'un prix Renaudot en 2013), mais on ignorait le détail des humiliations qu'il avait subi.

C'est désormais chose faite avec son nouveau roman,  Orléans, du nom de la ville où il a passé son enfance,  dans lequel il raconte de façon aussi crue que sans aucun pathos les coups et brimades souvent sidérantes que ses géniteurs ont pu lui faire subir.

ON voit ainsi que Moix a eu comme parents un couple de tortionnaires dont la cruauté n'a rien à envier aux Thénardier inventé par Victor Hugo dans une enfance dans une ville de province des années 70 aux couleurs ternes, et que seule la littérature, et notamment celle d'André Gide pour qui le cinéaste de Podium ( chouette!) et de Cinéman ( pas chouette!) voue un culte infini depuis qu'il l'a découvert à 9 ans, va réussir à le sauver.

 Dans ce roman d'une résilience miraculeuse, que Yann Moix décrit lui même comme "un roman d'humiliation comme il existe des romans d'initiation", la littérature apparait comme un moyen de ne pas sombrer, d'un besoin vital pour lutter contre cette ignominie quotidienne. 

 Enfant martyr, Yann Moix raconte dans des pages très belles comment il a été sauvé par la littérature. 

Contrairement à certains des romans de Moix ,  "Orléans"  ne recèle  aucune fioriture, aucun effet de style, mais au contraire  une écriture sans aucun gras, taillée à l'os pour tenter de dire l'indicible, et parfois au détour d'un paragraphe qui va loin dans l'horreur, cette dérision permettant de rendre les épreuves plus supportables..

" Pour Noël, je commanderais une bèche avec laquelle, dans un compartiment herbu du jardinet, je creuserai un trou ou s'enfoncerait le couple qui m'a fait naitre. Cela serait une béance de belle dimension, profonde comme la nuit, où je les jetterais de toutes mes forces après les avoir empoisonnés."

Alors bien sûr, Moix ne va jamais tenter de donner la moindre parcelle d'humanité à ces deux parents monstrueux et les adultes qui gravitent autour de lui ne sont pas beaucoup plus sympathiques (même dans la seconde partie intitulée "Dehors"  où Moix dévoile son enfance en dehors des murs de sa prison quotidienne) mais là n'est pas l'objet de ce roman qui conserve de bout en bout une force et un impact émotionnel rares, pour un des premiers gros chocs de cette rentrée littéraire..

Orléans, Yann  Moix ( édition Grasset; sortie le 21 août 2019)

Commentaires
R
Du coup, le livre perd beaucoup de son intérêt maintenant qu'on en sait un peu plus sur ce qui se passait vraiment. Et pour être honnète, si l'extrait est significatif du bouquin, je ne vois pas vraiment de raison de s'extasier. La répétition du mot "alors" dans la dernière phrase ressemble plus à de la paresse où à un manque de relecture qu'à une quelconque figure de style.
Répondre
M
Tout à fait d'accord concernant les magnifiques passages sur la littérature et son métier d'écrivain: enchantement des mots, Moix sait aussi utiliser la dérision pour d'écrire la situation ! Mais, le récit de toutes ces humiliations, et ils en a beaucoup en " dedans" et en " dehors", sans qu'aucun adulte ou une fille ou un copain ne puisse lui prodiguer amour, tendresse, geste amical ( là j'exagère ! ) m'a paru too much! Et du coup, le personnage sûr de lui, autocentré et imbu de lui- même pointe son nez ... Voilà mon avis " double" sur ce roman !
Répondre
Pour en savoir plus

Webzine crée en 2010, d'abord en solo puis désormais avec une équipe de six rédacteurs selon les périodes. l'objectif reste le même : partager notre passion de la culture sous toutes ses formes : critiques cinéma, littérature, théâtre, concert , expositions, musique, interviews, spectacles.

 

Contact de l'administrateur

Envoyer un mail à l'adresse suivante : philippehugot9@gmail.com 

Visiteurs
Depuis la création 7 563 969
MUSEE DES CONFLUENCES EXPOSITION EPIDEMIES PRENDRE SOIN DU VIVANT

 

MUSEE DES CONFLUENCES EXPOSITION EPIDEMIES PRENDRE SOIN DU VIVANT

(du 12 avril 2024 au 16 février 2025).

Peste, variole, choléra, grippe de 1918, sida et très récemment COVID-19… Depuis des millénaires, les épidémies affectent les sociétés humaines ainsi que les autres espèces animales. Comme une enquête historique, l’exposition revient sur ces événements qui ont bouleversé la vie sur tous les continents.

 

Jazz Day : 24 heures pour célébrer la diversité du jazz

Pour la 11e année consécutive, Jazz à Vienne coordonne la programmation du Jazz Day sur le territoire lyonnais et ses alentours.

Depuis le 36e congrès de l'UNESCO en 2011, à l'initiative d'Herbie Hancock, le 30 avril est une journée de célébration du jazz dans toute sa diversité.

Cette année, la programmation de cette journée compte une quarantaine d'événements festifs et musicaux à Lyon, Vienne, Saint-Etienne, Villefranche-sur-Saône et Bourgoin-Jallieu.

Jazz Day | Jazz à Vienne (jazzavienne.com)