Douze Mille, l'argent fait il le désir?
Après deux documentaires sur la condition ouvrière (Bleu pétrole et Casse), Nadège Trebal réalise son premier long-métrage de fiction.
Douze Mille, en salles depuis hier, est une réflexion aussi fantaisiste que sociale sur les rapports entre argent et relation amoureuse et charnelle. Bien que très attaché à sa vie avec Maroussia dont il est fou amoureux, Frank, qui a été viré de son travail clandestin, doit partir trouver du travail ailleurs et a promis à sa compagne de revenir que lorsqu'il a réuni la somme de 12 000 euros (ce que gagne Maroussia par an).
Il part pour une mission de nettoyage de cuve, mais le jour de son arrivée, il apprend qu’il a été décommandé.
Décidé à honorer sa promesse, il commence un petit trafic de cigarettes, et fait même un spectacle de danse et mime aux ouvriers.
Nadège Trebal aborde avec les thématiques du lien direct entre argent, exploitation par le travail et de sexualité. Quand l'argent vient mettre son grain de sel dans la balance, est ce que l'amour est plus fort encore? Est ce que la primitivité de l'homme l'emporte sur son aspect pragmatique? C'est ce que tendrait à raconter la cinéaste avec cette histoire qui sort des sentiers battus .
Réflexion à la fois physique et abstraite, OVNI parfois poétique, proche d'un Léos Carax ou d'une Claire Simon ( dont Trebal a été l'assistante) ce Douze Mille est assez singulier par sa proposition cinématographique mais ne convainc hélas pas tout à fait.
Le personnage de Maroussia - joué par la cinéaste elle même- est moins interessant que celui de Franck que l'épatant Arieh Arieh Worthalter et le film pêche par manque de rigueur, cherchant à tout prix la singularité sur le réalisme de ses situations et l'empathie pour ses personnages .
Un essai à demi réussi pour un sujet plus passionnant sur le papier que sur l'écran..
Douze mille de Nadège Trebal, Shellac, sortie le 15 janvier Image: Copyright Shellac