Critique : La Communion (Jan Komasa) : un film puissant sur la rédemption
Le long métrage "La Communion" de Jan Komasa sort ce mercredi 4 mars en salles et on vous conseille ce très beau film à ne pas rater.
Dans ce troisième long métrage, qui a fait sensation à la dernière Mostra de Venise, Jan Komasa enquête sur la dynamique sociale d'une petite communauté où arrive un nouveau prêtre qui cache sa véritable identité; il se penche sur la vie d’un petit village, empêtré dans une culpabilité collective difficile à surmonter et qu'un jeune homme, en usurpant l'identité d'un prêtre, va leur révéler.
Avec ce personnage de faux curé, on pense- ironique hasard des sorties culturelles du moment- au personnage de Désiré dans le dernier roman d'un Pierre Lemaitre qui semblait s'amusait énormément à écrire cet escroc de grand talent qui rouait toute une communuauté .
Ici, évidemment, il y aura moins de frivolité dans le cheminement de Daniel; ce jeune déliquant, abimé par la violence depuis toujours et qui découvre la spiritualité dans son établissement pénitencier.
Ce jeune homme, en quête de certitudes et de rédemption, va endosser un peu par hasard le rôle d'un homme de foi auprès de paroissiens qui vont être particulièrement réceptifs à la modernité et l'anti conformiste de ce (faux) émissaire de Dieu.
Mais ce personnage ô combien charismatique a soif d'idéal mais animé d'une violence liée à son propre passé qui lui reviendra forcément en pleine face.
L'arrivée de ce jeune Daniel, comme un personnage pasolinien- on pense à Théorème mais à l'échelle même d'une communauté et non pas d'une famille- va totalement bouleverser l’équilibre précaire que la communauté, conservatrice, a douloureusement mis en place depuis un évènement tragique dont on découvre progressivement les contours.
Daniel va apprendre - un peu malgré lui- à sortir de leur torpeur un groupe d'hommes et de femmes rongés par la rancoeur et la colère, pansant les plaies de ses paroissiens pour certainement mieux guérir les siennes .
Plus que de religion ou de foi, il est avant tout question de rédemption et de sa capacité à pardonner ses propres péchés et ceux des autres .
Quele est l'intention première des prêches de Daniel? Sont elles pour lui ou pour les autres avant tout?
Jan Komasa ne répond pas forcément à cette question et c'est ce qui rend son long métrage aussi passionnant et pertinent..
Sa mise en scène, toute en tension, rend le spectateur particulièrement attentif au moindre frémissement de ces personnages qui tentent d'échapper à leurs conditions et à leurs démons antérieurs..
Un très beau film...
Remerciements à Bodega Films/ Un film vu en avant première au cinéma Lumière des Terreaux.