Car les cinémas ont beau être toujours fermés, les plateformes de VOD et de streaming s'adaptent avec succès au confinement et proposent en avance des films en salles il y a encore quelques semaines.
Les délais sont raccourcis entre la sortie d'un film en salles et son exploitation en DVD ou en VOD et pas mal de nouveaux longs métrages inédits sont disponibles cette semaine.
Entre gros films et longs métrages bien plus confidentiels voici notre nouvelle sélection en sorties VOD de la semaine
1/ It Must be heaven : un conte tragi comique avec son élégance à la Pierre Etaix
Elia quitte Nazareth pour trouver le producteur de son prochain film, un film qui doit refléter l’identité palestinienne, avec si possible un humour palestinien.
Mais au fait s’interroge Elia, c’est quoi être palestinien ? De Paris à New-York, le réalisateur observe le monde et ses habitants. Sont-ils vraiment différents de ceux qui peuplent la Galilée ?
Un conte burlesque explorant l'identité, la nationalité et l'appartenance, dans lequel Elia Suleiman pose une question fondamentale : où peut-on se sentir « chez soi » ?
It Must Be Heaven" donne à voir des situations ordinaires de la vie quotidienne d’individus vivant à travers le monde dans un climat de tensions géopolitiques planétaires.
Pas ou peu de dialogues dans le film comme souvent chez Suleiman, ce qui est dit est une sorte de monologue visant à insuffler du rythme et de la musicalité à l'ensemble.
Le réalisateur fabrique un conte burlesque et magnifiquement chorégraphié, une tragédie élégante à la Pierre Etaix.
Certes, bien sûr, ce n’est pas ce film qui résoudra le conflit mais c’est vraiment très agréable d’avoir une vision décalé du Moyen Orient...
Absurde, fabuleuse et pourtant profondément réaliste, cette fable est aussi une formidable métaphore sur l’exil et le déracinement. E.S est au centre de tous les tableaux.
Sous la belle lumière de Palestine au milieu de champs d’oliviers ou dans un bar de Nazareth à siroter un alcool fort, dans un Paris désert au mois de juillet, ou à Central Park, se dessine un personnage à la Sempé perdu au milieu de décor trop grand pour lui, observant une faune dont il ne comprend pas toujours les agissements.
C’est décalé, poétique, absurde et, pourtant, en creux, Elia Suleiman nous parle de la difficulté d’habiter dans un pays qui n’existe pas.
Depuis le 15 avril dernier en VOD
2/Radioactive , le biopic hommage de Marjane Satrapi à Marie Curie
Marie Curie est certainement la femme scientifique la plus connue de France, et peut être la plus connue du monde, et c’est aussi la seule scientifique, avec Linus Pauling (1901-1994), à avoir obtenu 2 Prix Nobel : celui de Physique en 1903 et celui de Chimie en 1911.
Après deux adaptations de BD (Persepolis et Poulet aux prunes), un road-movie décapant (La Bande des Jotas) et une comédie surréaliste (The Voices), Marjane Satrapi rend un vibrant hommage à la grande scientifique, une personnalité qu'elle idolatre depuis sa tendre jeunesse.
Elle le fait par un voyage cinématographique assez étonnant à travers l’incroyable héritage de Marie Curie ses relations passionnées, ses découvertes scientifiques et leurs conséquences afin de faire connaitre au grand public le destin incroyable de cette femme d’exception.
Marie Curie fut la première à prouver que la science n’était pas le domaine exclusif des hommes, ce qui lui a valu de nombreux honneurs, parfois attribués tardivement, comme cette inclusion de longues décennies après sa disparition, dans le Panthéon national.
Certes tout le monde parle en anglais dans le biopic de Marjane Satrapi, production internationale oblige, mais Marjane Satrapi nous happe rapidement en prenant le parti de mettre en parallèle l’avancée scientifique du couple Curie avec leurs vies personnelles.
Un biopic qui s'affranchit des passages obligés pour aller du coté de l'intelligence et de la poésie, on dit oui à 100%!!
Disponible depuis le 30 avril sur les plateformes de VOD.
3/ Monos, le Robinson crusoé militaire et colombien
"Monos" le second long-métrage de fiction du colombiano-équatorien Alejandro Landes, avait embarqué la Berlinale l'an passé avant de sortir en salles chez nous la semaine juste avant le confinement .
La question des enfants soldats y est en effet abordée sous un angle assez allégorique avec ce film qui nous immerge dans le quotidien un groupe de 8 enfants solidats au service d'une mystérieuse « organisation » révolutionnaire.
Ces adolescents guérilleros qui vivent dans un bunker en pleine jungle amazonienne sont chargés de surveiller une otage américaine, la doctora . selon les consignes qu'un nain le "messager" leur donne au compte goutte .
Sauf que très rapidement, ces adolescents se voient contraints à des rituels primitifs puis dépossédés de repères moraux et de leur libre-arbitre.
Peu narratif et explicatif "Monos " ne donne pas énormément de précision sur le contexte ambiants. Alejandro Landes préfère, au récit linéaire, opter pour une ’immersion sensorielle et sensuelle assez étonnante et qui fait mouche.
Monos constitue un trip onirique et hypnotique de toute beauté dont la portée est accentuée par la partition post moderne de Mica Levi ( " Under the skin").
Autant qu à "la majesté des mouches" , on pense aussi au cinéma d'un Tarkovski qui se retrouverait délocalisé dans une ambiance tropicale. aussi chaude qu'inconfortable.
Une expérience immersive et sauvage pour une proposition cinématographique assez éloignée des sentiers battus qu'on vous recommande en VOD.
4/ Les Filles du docteur March' un film familial divertissant et féministe
On a été berçé par sa douce musique durant nos années de jeune lecteur: "Les 4 filles du docteur March" est un délicieux roman de Louisa May Alcott, un roman dit "nordiste", qui aura inspiré de nombreuses petites filles depuis plus d’un siècle ainsi qu'un délicieux portrait d’une formidable et belle famille Bostonienne de la classe moyenne.
Pour les rares amnésiques qui ont besoin d'une piqure de rappel, replantons un peu le décor : la guerre de Sécession fait rage, le père est au front et la mère s’occupe de leurs quatre « petites femmes », titre original de ce délicieux roman, et de non moins délicieux film sélectionné par Obama himself dans ses films préférés de 2019.
Meg se rêve comédienne, Jo sera écrivaine, Beth n’aime que la musique et Amy ira à Paris pour apprendre la peinture, de beaux projets pour des jeunes filles dont l’avenir naturelle serait un beau mariage et des enfants.
Ce délicieux roman idéaliste a déjà été porté plusieurs fois à l’écran et les plus cinéphiles se souviendront de Katherine Hepburn et de Winona Rider dans le personnage de Jo, ou d’Elisabeth Taylor et Kirsten Dunst incarnant Amy.
Mais alors , chers lecteurs de Baz'art qui vous posez certainement cette question : ce délicieux roman bourré de bons sentiments, de bienveillance et de charité chrétienne ne serait- il pas too much, voir complètement dépassé dans notre XXIe siècle froid et hyper connecté??
On ne pourra cacher qu'il y a une naïveté devant ce tableau familiale idyllique mais en ces temps où le cynisme fait la loi, cela fait du bien, et surtout, ce qui transparait surtout c’est la sincérité de Louisa May Alcott que justement Greta Gerwig réussi à rendre sur l’écran.
En effet, on ne pourra que louer le grand talent de Greta Gerwig, qui, en éclatant le récit, en alternant les différentes périodes en mêlant les époques et les destins de ces petites femmes, sait parfaitement accrocher le spectateur. Et le talent des acteurs et des actrices fait le reste, notamment Saoirse Ronan et Thimothée Chalamet, qui, une fois de plus, sont assez assez formidables, sans jamais en faire trop..
Romantique, humaniste et féministe, "Les filles du Docteur March de Greta Gerwig" est un film délicieux à voir en famille.
5/ The Lightouse, le phare de la poésie et de l'absurde
Un gardien de phare et son second relèvent l’équipe sur une ile isolée de la Nouvelle Angleterre.
Quatre semaine en huis-clos, il faut être sacrément équilibré pour supporter une situation pareille. Hé bien justement, Thomas Wake et Ephraim Winslow sont tout sauf très équilibrés et face à l’isolement, le froid, la pluie, le vent et de lourds secrets les deux hommes auront tôt fait de sombrer dans la folie furieuse.
Prêt pour une expérience sensorielle inédite, pour une hallucination plastique et sonore dans un somptueux noir et blanc format 1.19:1 ?
Un phare, la mer déchainée et sa mythologie, tritons, sirènes, Poséïdon et baleine blanche, Robert Eggers, auteur complet, réalisateur mais aussi scénariste, convoque entre autres, Herman Melville, Robert Louis Stevenson ou Daphné Du Maurier pour un film unique, une performance Arty dérangeante et excitante.
The Lighthouse est un film bizarre, un peu surréaliste et abscons mais d’une beauté plastique réellement impressionnante...
Le format et le noir et blanc le décor réaliste et absolument merveilleux, la bande son complètement obsédante. tout ces élements.transportent le spectateur, dans un ailleurs dont il ne veut pas sortir.
On sent aussi que Robert Pattison prend beaucoup de plaisir à détruire consciencieusement son image de beau gosse vendeur de parfum et il assure vraiment le bougre, devant le père Dafoe....
“The Lighthouse” ou l’expérience sado-maso de deux formidables acteurs, merde, urine, sperme, dégueulis et fiente de mouettes rien ne sera épargné à William Dafoe et Robert Pattinson qui s’y connaissent en destin doloriste, l’un fut Jésus pour Scorcese et l’autre un vampire malgré lui.
Deux monstres sacrés qui rivalisent d’intelligence et de savoir-faire pour maintenir une tension morbide et porter la folie à son paroxysme.
Bonjour. La durée du confinement ayant été prolongée, je croyais que je m’ennuierais à mort ! Et voilà que vous avez proposé quelques idées de films à voir… J’espère pourvoir me détendre grâce à ces derniers. En passant, j’ai déjà vu « The Lighthouse » et je l’ai bien apprécié.
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Peste, variole, choléra, grippe de 1918, sida et très récemment COVID-19… Depuis des millénaires, les épidémies affectent les sociétés humaines ainsi que les autres espèces animales. Comme une enquête historique, l’exposition revient sur ces événements qui ont bouleversé la vie sur tous les continents.
Jazz Day : 24 heures pour célébrer la diversité du jazz
Pour la 11e année consécutive, Jazz à Vienne coordonne la programmation du Jazz Day sur le territoire lyonnais et ses alentours.
Depuis le 36e congrès de l'UNESCO en 2011, à l'initiative d'Herbie Hancock, le 30 avril est une journée de célébration du jazz dans toute sa diversité.
Cette année, la programmation de cette journée compte une quarantaine d'événements festifs et musicaux à Lyon, Vienne, Saint-Etienne, Villefranche-sur-Saône et Bourgoin-Jallieu.