Le déconfinement est dans sa première phase, mais les cinémas sont toujours fermés, et les derniers propos du ministre de la culture ne vont pas vers une réouverture à très court terme.

Cependant, les distributeurs de cinéma continuent de s'adapter et s’organiser différemment. 

Plus que jamais, ils  continuent de mettre  sur différentes plateformes de vidéo à la demande certains films de février et de mars qui ont vu leur carrière en salles brutalement interrompus ainsi que des titres inédits.

Voici une nouvelle petite sélection des sorties de cette semaine.

1/L'APPEL DE LA FORÊT -Chris Sanders 

 Adaptation du célèbre roman éponyme de Jack London ,  le film - a conquis le cœur des spectateurs français au point de réaliser près d’1,18 million d’entrées en moins d’un mois et a vu  sa carrière s’est brutalement interrompue avec la fermeture des salles le 14 mars.

Réalisé par Chris Sanders avec en tête de distribution Harrison Ford et OmarSy, L’APPEL DE LA FORÊT utilise des effets visuels et une technologie de pointe afin de donner vie aux animaux et faire en sorte qu’ils interagissent le plus naturellement possible avec l’ensemble des acteurs.

Jamais encore l’histoire de Buck – enrôlé contre son gré comme chien de traineau dans les étendues sauvages du Yukon en Alaska pendant la ruée vers l’or – n’avait connu pareil rendu cinématographique !

Un très bon film d'aventure mais qui ne laisse pas l'action et les sentiments de côté. Des chiens en motion capture qui rendent vraiment bien, Harisson Ford et Omar Sy, qui enfin n'a pas un rôle mineur dans un film US, sont à leur aise , et les prises de vue sont très bien rendues.

Jack London, fut l'écrivain américain le plus célèbre de son temps. et ses adaptations au cinéma sont souvent réussies c'est le cas de ce très réussi appel de la foret !  

L’APPEL DE LA FORÊT est proposé en Achat Digital dès le 16 mai sur Apple TV, Orange Video a la demande, Canal VOD, Googleplay, Disneytek , Vitis, Altice Numericable, Playstation, XBOX et Rakuten TV.

 2/ Swallow  Carlo Mirabella-Davis

 Inspirée du passage en hôpital psychiatrique de la grand-mère  du réalisateur qui souffrait de troubles compulsifs, "Swallow" montre aussi la face cachée du  bonheur apparent de la réussite américaine .

En effet, l'héroïne de "Swallow", une certaine Hunter se met, une fois qu'elle attend un bébé,  à avaler des tas d’objets du quotidien (billes, piles,  épingle et autres objets pointus ou coupant) la mettant fortement en danger ainsi que bien évidemment son futur enfant

Ce trouble obsessionnel est  décrit par Carlo Mirabella-Davis avec un audacieux mélange de  réalisme et d'onirisme dont les deux facettes  sont tout aussi perturbantes l'une que l'autre.

Entre thriller et comédie noire, le réalisateur Carlo Mirabella-Davis en profite pour détruire  toute forme de patriarcat, le mari d'Hunter étant particulièrement défaillant et aveugle à la souffrance de son épouse. 

Le metteur en scène use tout son pouvoir de cinéaste pour mettre en avant la formidable performance de son actrice principale également  productrice du film , Haley Bennett, impressionnante de maitrise et d'humiliation contenue.   Swallow est une oeuvre aussi étonnante que singulière.

Le film est disponible depuis mardi 14 mai sur les plateformes de VOD

3/ "La Vie invisible d'Eurídice Gusmão », Karim Aïnouz- 

Euridice et Guida deux femmes à Rio de Janeiro au milieu des années cinquante. Deux femmes empêchées, une tragique histoire de sororité détruite par l’aveuglement et le conformisme d’une société patriarcale.

 Deux femmes comme la plupart des femmes de cette époque, privées d’un destin et contraintes de vivre dans l’ombre d’un père ou d’un mari. Séparée à vingt ans, elles passeront toute leur vie dans la même ville sans jamais se revoir, chacune imaginant l’autre dans une vie aventureuse et passionnée à l’autre bout du monde.

En adaptant un roman de Martha Batalha paru en France en 2017, La Vie invisible d'Eurídice Gusmão,. Karim Aïnouz- réalisateur brésilien d'origine algérienne,  réalise  un splendide mélodrame cru et tragique  porté par deux actrices inspirées  (sublimes Julia Stockler et Carol Duarte), femmes fortes et résilientes qui tentent tant  bien que mal de survivre dans cette société brésilienne machiste et patriarcale. Un pamphlet fém iniste d’une belle intensité. Mise en scène fluide sur Prélude de Chopin. 

Prix “un certain regard”  plus que mérité au dernier festival de Cannes.  C’est un beau mélodrame romanesque..Un film piquant, drôle et touchant, bercé de joie et de drame.

Disponible depuis  mercredi 15 mai 

 4/Lara Jenkins de Jan-Ole Gerster

Lara Jenkins est un automate dont la raideur intimide. Par de menus détails, un mot, un geste, la subtilité de la mise en scène et une pointe d'humour, seul le spectateur accède à la personnalité de Lara dont le portrait est tiré avec une élégance et une agilité rares.

On se surprend à être en empathie avec un personnage foncièrement détestable mais la distance prise par la mise en scène n'est jamais synonyme de froideur. Dans le rôle de cette mère brisée, Corinna Harfouch est captivante. Avec ses airs d'Isabelle Huppert, elle magnifie son personnage, pétrifiée par ses manières fausses et ses répliques cassantes, dont la rigidité se craquelle parfois et laisse apercevoir les béances de son existence.

Après Oh Boy, qui suivait un jeune berlinois en quête d'un café le temps d'une journée déjà, et interprété par l'excellent Tom Shilling, qui joue ici Viktor, Jan-Ole Gerster confirme son talent de portraitiste minutieux.

 Grâce à la finesse de son écriture, sans concession, et de quelques belles idées de mise en scène, il parvient à nous fasciner avec des personnages peu sympathiques mais entiers et vivants.

 Lara Jenkins de Jan-Ole Gerster en VOD depuis mardi 14 mai  

5/ Revenir, Jessica Palud 

Fille d'Hervé Palud (oui le réalisateur de  L'indien " chacun sa route, chacun sa vie" dans la ville)- Jessica Palud, qui a hérité de son père de son goût pour les plateaux de tournage, va néanmoins sur des rives bien différentes que son paternel .

Son premier long métrage,  Revenir, adaptation très libre du roman « L’amour sans le faire » de Serge Joncour, un beau roman publié en 2012  du retour aux sources d' une infinie tendresse malgré les silences et les non-dits, va dans une dimension humaniste et intimiste 

L'intrigue du film se déroule dans une ferme isolée du Sud Est de la France - sous le soleil de la drôme provencale très joliment mis en avant par le chef opérateur Victor Seguin, dans lequelles ,les non-dits et les secrets  et l’incommunicabilité sont prégnants.

Les personnages de Revenir s'aiment  certainement, mais ne savent pas se le dire d'autant plus quand la mort et la maladie ont laissé fortement des traces. De plus en plus intense sur grand écran après avoir commencé comme le bel Appolon un peu lisse chez Dolan,  Niels Schneider est formidable d'intensité dans un rôle peu bavard où il doit exprimer pas mal d'émotiion par ses gestes et ses regards.

Revenir, qui traite d'un sujet et d'un genre - la chronique familiale dysfonctionnelle- bien éculés dans le cinéma français, parvient largement à toucher. 

Jessica Palud, et sa caméra toujours au plus près de ses personnages parviennent à capter une belle vérité des sentiments.

  REVENIR, de Jessica Palud, est disponible sur toutes les bonnes plateformes VOD depuis le 15 mai