A perfect family : le bijou de tendresse et de tolérance de cet été 2020!!
« On va divorcer… » « … parce que Papa veut devenir une femme. »… Il suffit d'une phrase prononcée par une mère de famille lors d'un diner pizza qui s'annoncait pourtant aussi anodin qu'un autre, pour que le quotidien des deux filles de la famille s'en trouve transformée à jamais.
Si l’aînée de la famille , Caroline, se montre compréhensive et accompagne son père dans ce tremblement de terre intime, la cadette, Emma , jeune pré ado, taiseuse et fan de foot, semble révoltée.
Entre le sentiment de perdre son père et de se retrouver d’un coup avec deux mères et la nécessité de faire comprendre à ses copines l'incompréhensible, Emma a beaucoup de mal à accepter cette famille pas si parfaite et en même temps finalement pas si éloignée que cela des autres.
Alors que la pré adolescence est une période où l'on se sent particulièrement ensible aux regards d’autrui , comment accepter ce père qui fait ses premiers pas, forcément peu habiles dans ses habits de femme? C’est tout un univers qui est désormais à reconstruire et à apprivoiser.
Dans A Perfect Family, un de nos gros coups de coeur cinéma de cet été, la jeune réalisatrice danoise Malou Leth Reymann qui a grandi auprès d’un père transgenre, s’inspire de sa propre histoire personnelle, pour écrire et réaliser son très réussi premier long-métrage.
Sur un sujet qui lui tenait donc particulièrement à coeur, la jeune femme se penche sur la dynamique familiale moderne et sur la façon dont les défis à l’ordre établi affectent ses membres les plus vulnérables.
Evitant le pathos inhérent au sujet, elle a souhaité y insérer quelques moments décalés, de légereté d'un récit qui n'oublie pas pour autant de montrer la difficulté pour un être humain de passer d’un corps d’homme à l’expression de sa féminité tout en conservant ses prérogatives de père- formidable Mikkel Boe Folsgaard, qui offre une prestation aussi nuancée que complexe. dans la peau de cette nouvelle femme, bien maladroite avec ses talons qu'elle découvre et ce torse qu'il faut épauler.
Combinant une expérience autobiographique et une compréhension pleinement intuitive du comportement humain, la jeune réalisatrice nous livre une œuvre intelligente et pleine d’optimisme qui est un vrai voyage vers l'acceptation et la liberté de soi, encourageant la vérité, aussi douloureuse soit-elle.
Ce long métrage nous rappelle que les enfants peuvent continuer d'aimer un parent et respecter leur décision, tout en subissant fortement les conséquences de ce choix.
Ce premier long métrage de Malou Reymann , récit d'un voyage plein de turbulence vers l’acceptation s'avère aussi poignant que nécessaire.