Baz'art  : Des films, des livres...
16 juillet 2021

Rencontre avec Martin Luminet & retour sur son concert à Lyon du 8/07/2021

  

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 Comme on vous l'avait déjà dit la semaine passée, Martin Luminet est un chanteur lyonnais qui commence à faire parler pas mal de lui depuis la sortie de son EP Monstre en juin dernier et sans chauvinisme aucun- ou si peu- on peut dire que cela est totalement mérité.

  Vivant à Paris depuis quelques années, Martin était de retour temporaire, la semaine passée, sur Lyon pour un des premiers concerts post déconfinement, deux jours avant un grand concert au Francofolies, samedi 10 juillet, un concert qui, visiblement, a connu aussi un bien beau succès. 

Pour ce show lyonnais, Martin Luminet avait choisi de produire dans  la salle de Concert de A tout bout de chant.

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 On peut dire que c’est un lieu que Martin Luminet affectionne particulièrement et avec lequel il a de belles affinités. 

A tout bout de chant est en effet la salle qui l'a fait débuter, il y a désormais plusieurs années, assez tardivement (après avoir arrêté ses études de science politique qui ne lui allait viisiblement guère au teint).

  Sur scène, porté par les des sons éclatants de son fidèle complice Benjamin Geffen  aux machines, Martin aura, tout au long de l'heure trente- même quarante cinq- de spectacle,  déployé une énergie et une aisance scénique qui nous font rappeler que le garçon a désormais l'habitude d'écumer les salles de concert de France et de navarre depuis pas mal d'années.

  Maniant aussi bien les subtilités du piano voix que les morceaux rageur et fiévreux où son flow n'a rien à envier à celle d'un Orelsan, Martin Luminet nous aura littéralement bluffés ce soir là.

Et puis, il semblait visiblement ravi et ému de son retour au bercail; le public de ATBC (A tout bout de chant), dont certains semblaient bien le connaître, le lui a bien rendu; un très chouette moment idéal pour ce retour à la vraie vie ! 

 Avant son concert, on a pu échanger une bonne demi-heure avec celui qui se définit comme un « hypersensible violent » et qui nous a surtout semblé d’une gentillesse et d’une sensibilité rare et un sens de l'écoute et du collectif tout autant peu commun. 

 Et ce qui ne gâte rien, le garçon est fou de cinéma et pourrait parler des heures de Frances A ou des chansons d'amour d'Honoré, deux films qu'on aime beaucoup à baz'art! 

On vous propose des extraits de notre échange : 

Rencontre avec Martin Luminet, chanteur lyonnais pour son Ep" Monstre"

Un premier EP à trente ans passé, pourquoi?....

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 "Monstre est mon premier véritable enregistrement et mon premier EP. En fait, j'avais déjà enregistré un EP en 2017, « Bande annonce » mais il servait plus de carte de visite pour la tournée Mégaphone Tour, ce festival itinérant de musique et dispositif national d'aide à la tournée qui m'a énormément aidé à faire ma place dans la scène musicale française.

 Il était là pour montrer un peu ce que je savais faire à Caroline Guaisne, la fondatrice du projet et à son équipe. Mais depuis cet EP, pas mal d’eau ont coulé sous les ponts.

Je pense qu’aujourd’hui, plus qu’à l’époque, j'ai réussi à trouver mon style ce que je veux dire et comment je veux le dire, ce qui explique la grande évolution qu'il y a entre ces premiers enregistrements et ce Monstre dont je suis très fier. «  

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 Martin Luminet ©B. Gaboriaud

Martin Luminet, un monstre à deux facettes ?

 "Le monstre du titre du disque, c'est un peu le double qu'il y a en moi et que j'ai enfin assumé voilà quelques années.  Il y a une colère  évidente en moi que j'ai enfin réussi à dépasser avec mes chansons.

 J’ai grandi dans un environnement où les émotions ne faisaient pas partie du paysage ..On peut dire ainsi que j’ai passé trop de temps à cacher mes émotions et à ne pas assumer qui j’étais réellement. 

 Écrire pour mieux m’exprimer a été l’une des meilleures solutions que j'ai pu trouver. 

Par ailleurs, j’ai eu la chance d’avoir croisé certaines situations et certaines personnes pour que cela ne prenne pas trop de temps.

 Ce sont ces rencontres qui m'ont autorisé à prendre en compte le monstre en moi, ce qui n'était pas le cas quand j'ai commencé à écrire et composé, pour revenir sur la différence de style et de propos entre "Bande annonce" et "Monstre".

 Le monstre, moteur de la création artistique ?

 "J'ai, depuis longtemps déjà, une vraie fascination pour les questions de désir, de colère, de dualité, de prise de pouvoir sur sa propre vie ; bref toutes ces choses qui constituent le « monstre » que l’on cache au fond de nous, sans doute parce qu'on craint un peu d’effrayer la société. 

 Ceux qui ne s’en servent jamais ne s'en sortent pas à mon sens  mais ceux qui l’entretiennent en sont sortis grandi.

 Mon disque dit que ce qui traverse les crises, les peines, les joies, le temps, ce sont les émotions et surtout la sincérité qu’on y met. » 

Le "spoken word", le style qui te convient le mieux?

"L’avantage du "spoken word", que j'utilise en effet dans quasiment tous mes morceaux, c’est que ça peut sortir comme ça devrait sortir dans la vie. Tu peux aller dans un truc très naturel, qui ressemble vraiment au parlé du quotidien. 

Par ailleurs, j'aime que les mots aient une vraie rythmique, autant pour son sens que pour son expression. Le spoken world est d'autant plus intéressant que tu peux aussi aller dans des intentions un peu plus chantées  qui parfois sont nécessaires pour  colorer l'ensemble.  

Je me sens très  épanoui là-dedans,  c’est vraiment le  format idéal pour moi., à mi chemin entre le rap et la chanson."

 

 Le morceau "Cœur", une véritable déflagration !

 "Cœur est une chanson qui a été assez fulgurante, pas du tout préméditée.

En fait, elle est venue un matin lors d'un atelier d'écriture aux rencontres d'Astaffort et il fallait que je la finisse le soir même. 

Il y avait, dans la façon même de concevoir le titre, une certaine urgence, une envie de régler les comptes avec cette sensation que j’avais en tête 

 Il était essentiel de garder ce sentiment d'urgence et d'exploiter le thème de ce combat permanent entre cet organe et soi-même. 

Parfois, tu en viens à aimer des choses ou des personnes que ton cerveau n’aurait pas du tout envisagé, le cœur n’est pas une science exacte : c’est cela qui me semblait passionnant de creuser en écrivant ce titre. "

 Un clip 100% cinéma

 "Mon écriture vient du cinéma, car je lis finalement assez peu. 

Quand j’écris des chansons, j'ai tendance à les visualiser comme des petits travellings : j’essaie d’écrire une scène le plus précisément possible et je tente d'y projetter des images. 

 En mettant dans le clip de Cœur tous des extraits de films que j'aime énormément et qui ont forgé l'artiste et l'homme que je suis, j'ai rendu un hommage à toutes ces œuvres éternelles.  

En fait, je me suis vraiment construit avec ces films et j’ai voulu les montrer dans ce clip.

 Un film comme Frances Ha, c’est sans doute un des plus beaux films que je n’ai jamais vu, le personnage joué par Greta Gerwing , tu peux te projeter totalement dedans, alors qu'au départ elle n’a rien en commun avec toi.

 Et je suis aussi fan de films comme Les Chansons d'amour que j'ai pu voir plusieurs fois de suite au cinéma quand je l'ai découvert ou bien encore Spider Man.

Tout cela mis bout à bout dans le clip représente bien mon éclectisme et ma passion pour le cinéma, je pense.."

 Une tournée en comité restreint

 " Sur la scène du Au tout bout de chant, je suis juste avec Ben '(Benjamin Geffen, son fidèle complice).  On est tous les deux, il est aux machines et la batterie, alors que moi, je suis plus aux claviers et au chant.

A mon niveau, la scène, ça se fait surtout dans l’échange de fluide ;je pense que c’est de cela qu’on se souvient  en quittant la salle. Personnellement, c’est tout à fait cela que j’ai envie de valoriser, cette énergie de chair  dans laquelle je me trouve.

 Avec le corps et les émotions,  on peut transmettre énormément de choses, je m'en suis rendu compte au fil des différentes scènes que j'ai pu faire. 

 De toute façon, avec les contraintes sanitaires, on ne pouvait pas être beaucoup plus mais on arrive largement tous les deux à transmettre cette énergie et faire en sorte que les gens qui viennent nous voir en gardant quelque chose de pas mal au bout … »


Monstre, le premier EP de Martin Luminet

 

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