Onoda – 10 000 nuits dans la jungle, le deuxième film d’Arthur Harari, est sorti en salles mercredi dernier après avoir ouvert la sélection Un Certain Regard lors de la 74ème édition du Festival de Cannes.
Le réalisateur de Diamant noir, excellent thriller se passant dans le milieu des diamantaires à Anvers, revient avec un ambitieux second long métrage, film d’aventures et de survie, inspiré de l’histoire vraie d’un soldat japonais refusant de croire à la fin de la guerre du Pacifique qui nous a beaucoup plu :
Sur une ile perdue des Philippines, un routard japonais installe son campement.
Sa radio-cassette (nous sommes en 1974 ) joue une musique militaire traditionnelle. Sur la berge de la rivière, en face de lui apparait l’ombre d’un guerrier.
C’est Iroo Odona, qui se terrait dans la forêt depuis trente ans.
Depuis trente ans, cet officier japonais n’a jamais voulu croire
à la défaite de son pays à la fin de la seconde guerre mondiale. Trente années durant, il a attendu un ordre de son supérieur hiérarchique.
Flash-back, commence alors un long voyage dans une douloureuse névrose obsessionnelle.
En 1944, le lieutenant Odona, déçu d’avoir été recalé dans une mission Kamikaze, entraine trois soldats dans sa démence guerrière, ensemble ils s’enfoncent dans la jungle dans l’attente d’une annonce de la victoire du Japon et de la reddition des Etats-Unis.
Jamais, au cours de toutes ses années, malgré les efforts du gouvernement japonais, malgré la découverte d’une radio qui leur donne des nouvelles du monde, jamais l’officier Odona ne renoncera.
Soumission à l’autorité, fascination aveugle, égarement morbide et homosexualité latente, mais aussi patriotisme et nationalisme exacerbés et peur panique d’une manipulation des informations, dans la jungle, Odona donne l’impression de vivre en ce début du XXI ème siècle.
Dans ce grand film étrange et fascinant, en collant au plus près de ses “héros” survivants, Arthur Harari nous fait pénétrer dans leurs psyché paranoïaque.
Sous des pluies diluviennes, dans la touffeur de la forêt ou sous le soleil réparateur, l’absurdité de la guerre asphyxique à jamais le cerveau des hommes.
Onoda est un voyage, un voyage passionnant dans la fuite en avant de la folie des hommes, qu’elle soit individuelle ou collective.